MONTRÉAL, le 13 mai 2015

Cela fait déjà plus d’un mois que la prime d’attraction-rétention accordée aux psychologues œuvrant dans le réseau de la santé a été abolie. Cette prime, instaurée pour enrayer la pénurie de psychologues dans le réseau de la santé, a été retirée le 30 mars dernier. Aucun signe à l’horizon ne laisse présager que cette prime sera renouvelée, ce qui inquiète grandement l’Association québécoise des neuropsychologues (AQNP). Celle-ci craint que l’accès aux services neuropsychologiques, qui s’avère déjà limité au Québec, ne soit restreint davantage.

Avec le retrait de la prime, le réseau privé devient de plus en plus attrayant pour les psychologues et neuropsychologues du réseau public. « Non seulement il risque d’y avoir des départs vers le privé, mais notre plus grande crainte est que dans un contexte de coupures et de compressions dans le réseau de la santé, les postes de neuropsychologues désormais vacants soient abolis ou tout simplement non remplacés », indique Dr Simon Charbonneau, neuropsychologue et président de l’AQNP. Avec des listes d’attente de plus d’un an dans certains milieux, des coupures de postes ne peuvent qu’augmenter les délais d’attente, poussant les gens à se tourner davantage vers le réseau privé. Comme une évaluation neuropsychologique coûte typiquement plus de 1500$ dans le réseau privé, ceci représente un poids financier énorme pour les familles ou individus qui doivent avoir recours à ces services.

« Les psychologues qui détiennent le permis d’évaluation des troubles neuropsychologiques sont les seuls avec les médecins à pouvoir poser l’acte réservé d’évaluer les fonctions mentales supérieures, telles que la concentration et la mémoire. Ces évaluations jouent un rôle crucial dans les démarches diagnostiques, le suivi et le traitement des patients. Plusieurs spécialités médicales bénéficient de ces services, notamment pour l’évaluation des troubles d’apprentissage, psychiatriques, neurologiques et neurodégénératifs », soutient pour sa part Dr Jean-Pierre Chartrand, neuropsychologue et vice-président clinique et scientifique de l’AQNP.

Le besoin d’accéder aux services d’évaluation neuropsychologique est criant, entre autres chez les enfants et chez les personnes âgées. On peut citer en exemple des problématiques telles que l’autisme ou les troubles d’apprentissage, ou encore l’enjeu du diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Les évaluations, lorsqu’elles sont effectuées à temps, permettent de préciser le diagnostic et de mieux cibler les interventions. À long terme, les actes posés par les neuropsychologues permettent, entre autres, d’avoir des jeunes qui sont en meilleure position pour contribuer à la société ainsi que des personnes âgées qui peuvent demeurer plus longtemps à leur domicile, offrant ainsi une économie importante au système de santé public de même qu’une meilleure qualité de vie aux bénéficiaires de ces services.

Les neuropsychologues ont cette particularité d’être à la fois formés en santé mentale et aux relations qui existent entre le cerveau et le comportement. Le réseau de la santé ne peut pas se permettre de fragiliser une telle expertise. L’AQNP demande au Ministre Barrette de rétablir le plus rapidement possible la prime d’attraction-rétention aux psychologues, afin d’éviter que des services spécialisés et essentiels à la population ne soient coupés et que les listes d’attente qui sont souvent déjà très longues s’allongent encore davantage.

L’Association québécoise des neuropsychologues a été fondée en 2013 et représente plus de 500 professionnels, étudiants et chercheurs œuvrant dans le domaine de la neuropsychologie. Ce regroupement a pour mission de favoriser le développement de la neuropsychologie au Québec. Offrir un meilleur accès aux services neuropsychologiques pour la population québécoise fait partie de ses principaux objectifs.

SOURCE: Association québécoise des neuropsychologues (www.aqnp.ca)

RENSEIGNEMENTS: Simon Charbonneau, président de l’AQNP