MONTRÉAL, le 15 décembre 2015

En conférence de presse hier, le Ministre Blais a annoncé un plan d’action pour prévenir et gérer les commotions cérébrales lorsqu’elles surviennent dans le cadre d’activités sportives et récréatives, faisant ainsi suite au rapport du Groupe de travail sur les commotions cérébrales (GTCC), présidé par Dr Dave Ellemberg, neuropsychologue. Ce plan d’action comporte 19 mesures qui se déclinent sur trois axes: prévention, sensibilisation et gestion.

L’Association québécoise des neuropsychologues (AQNP) souhaite saluer la mise en place de ce plan d’action qui vise, entre autres, à arrimer les différents intervenants afin de développer des outils de prévention et de sensibilisation. L’AQNP salue aussi les recommandations visant la mise en place d’un protocole obligatoire, l’obligation du retrait immédiat des joueurs chez qui on suspecte une commotion cérébrale, ainsi que l’interdiction minimale du retour au jeu ou à l’entraînement la même journée. Ces mesures ont le potentiel de réduire les risques de séquelles neurologiques/neuropsychologiques graves et de décès causés par le syndrome du second impact, soit lorsqu’une deuxième commotion cérébrale est subie dans un court intervalle de temps.

Cependant, les mesures proposées dans l’axe “prévention” paraissent insuffisantes pour réduire de façon significative le nombre de commotions cérébrales subies par les jeunes athlètes québécois. En effet, dans son rapport, le GTCC recommande notamment que le gouvernement interdise “les contacts intentionnels pouvant générer une commotion cérébrale (mise en échec, plaquage ou autre type de contact selon le sport) pour toutes les catégories d’âge qui comportent des participants de moins de 14 ans”, ainsi que “les coups à la tête chez les moins de 18 ans dans les sports de combat”. Ces recommandations cruciales n’ont pas été retenues par le Ministre Blais, bien qu’il s’agisse de mesures qui auraient vraisemblablement été parmi les plus efficaces pour réduire le nombre de commotions cérébrales.

En plus des conséquences physiques des commotions cérébrales, les individus souffrant de ce type de blessure présentent fréquemment une détresse psychologique, ainsi que des problèmes cognitifs affectant en premier lieu la mémoire et la concentration. “Pendant longtemps, on présumait que les enfants et les adolescents se remettaient plus facilement des commotions cérébrales, parce que leur cerveau était en développement et donc plus malléable. Or, nous savons désormais qu’un historique de commotion cérébrale chez un jeune peut avoir non seulement des répercussions sur sa santé cognitive et ses habiletés sociales, mais aussi sur sa santé mentale. En effet, il est démontré qu’une commotion cérébrale est un facteur de risque pour des troubles mentaux qui surviendront des années plus tard, tels que des épisodes dépressifs. L’ensemble de ces séquelles peut aussi nuire au rendement académique, ainsi qu’au fonctionnement quotidien”, soutient Dr Jean-Pierre Chartrand, neuropsychologue et Vice-président clinique et scientifique de l’AQNP.

Considérant la gravité des conséquences potentielles des commotions cérébrales, ainsi que les coûts associés à certaines des mesures annoncées, il est surprenant qu’un budget spécifique ne soit pas alloué dans ce dossier. “Nous ne devrions jamais faire de compromis lorsqu’il s’agit de la santé de ces jeunes athlètes. Si aucun financement additionnel n’est fourni, nous nous questionnons sérieusement sur la manière dont cette importante problématique de santé sera gérée par les regroupements sportifs, dont certains ont très peu de moyens”, déplore pour sa part Dr Simon Charbonneau, neuropsychologue et Président de l’AQNP.

L’absence de financement risque ainsi de limiter l’application des mesures proposées en conférence de presse, et d’en favoriser une implantation hétérogène. Enfin, pour l’AQNP, il est impératif que des mesures beaucoup plus fermes soient imposées par le gouvernement du Québec au plan de la prévention, notamment en rehaussant l’âge minimal auquel les contacts intentionnels pouvant générer une commotion cérébrale sont permis, et en interdisant les coups à la tête chez les mineurs dans les sports de combat. Il en va de la santé des jeunes québécois.

L’Association québécoise des neuropsychologues (AQNP) a été fondée en 2013 et représente plus de 550 professionnels, étudiants et chercheurs œuvrant dans le domaine de la neuropsychologie. Informer la population québécoise sur les troubles neuropsychologiques fait partie de ses principaux objectifs.