MONTRÉAL, le 28 mai 2015             

Le 30 mars dernier, le ministère de la santé et des services sociaux a mis fin au versement de la prime salariale offerte depuis 2012 pour favoriser l’attraction et la rétention des psychologues. Cette prime octroyée aux psychologues dans le réseau de la santé en situation de pénurie sévère représentait jusqu’à 10% du salaire des psychologues à temps plein. Cette décision est d’autant plus surprenante que les difficultés d’accessibilité aux services des psychologues dans le réseau public ont été maintes fois dénoncées dans les médias par la Coalition pour l’accessibilité aux services des psychologues dans le réseau public québécois (CAPP), les organisations syndicales, l’Association québécoise des neuropsychologues (AQNP) et l’Association des psychologues du Québec. Dernièrement, Rose-Marie Charest, en tant que présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, a aussi multiplié les entrevues à cet égard.

Les psychologues invitent le premier ministre Philippe Couillard à agir dès maintenant pour favoriser l’attraction et la rétention des psychologues dans le réseau public québécois par des conditions de travail plus équitables réduisant l’écart salarial avec le secteur privé. Pour ce faire, le retour des primes salariales versées aux psychologues qui travaillent quatre ou cinq jours par semaine dans le réseau de la santé est certainement un minimum, mais il est aussi primordial de valoriser davantage la présence à temps partiel. Il est tout aussi essentiel d’ajouter des incitatifs pour les psychologues du réseau scolaire puisque le manque d’accès aux services de ces psychologues peut engendrer d’importants impacts négatifs sur le parcours scolaire des élèves, leur santé psychologique et leur développement.

Selon leur spécialisation, les psychologues du réseau offrent des services de psychothérapie, d’évaluation des troubles mentaux et des troubles neuropsychologiques à une clientèle présentant des problématiques complexes et à risque de nécessiter une hospitalisation.

« Le manque de services et les délais d’attente avant de réussir à voir un psychologue dans le réseau public pour ces clientèles plus vulnérables est actuellement inacceptable et nos gouvernements ne font rien pour améliorer l’accès. Pire encore, le ministère prend des décisions qui risquent d’aggraver le problème en augmentant la souffrance humaine et les coûts reliés à un traitement trop tardif » croit Richard Couture, président de la CAPP.

Le réseau public éprouve une réelle difficulté à attirer et retenir les psychologues puisque plusieurs postes demeurent vacants et sont parfois abolis devant l’incapacité à les pourvoir. Pourtant le Québec compte environ 8500 psychologues, soit près de la moitié des psychologues au Canada. Cependant, les 2/3 des psychologues québécois pratiquent en privé, choix qu’ils font de plus en plus tôt dans leur carrière. La pratique privée leur permet souvent de gagner deux fois le salaire offert dans le réseau public, ce qui influence le choix d’un travail en début de carrière surtout dans le contexte où la dette moyenne des étudiants en psychologie s’élève à 21 000$ à la fin de leur doctorat.

« Le retrait de la prime depuis la fin mars prive maintenant les nouveaux diplômés qui œuvrent dans le réseau de la santé à temps plein de 5000$ annuellement, tandis que pour les psychologues expérimentés la perte se chiffre à 8000$. Selon un récent sondage de la CAPP mené auprès de 695 psychologues travaillant dans plus de 200 établissements du réseau de la santé, ces derniers songent maintenant à réduire leurs heures dans le réseau public (63%), à entrer en pré-retraite (10%) ou même à quitter le réseau (22%). Le réseau public ne peut se permettre de perdre l’expertise des psychologues. Il faut agir dès maintenant ! » ajoute Richard Couture, président de la CAPP.

À propos

La CAPP regroupe 1350 psychologues du réseau public québécois oeuvrant dans les écoles, les hôpitaux et CLSC, les centres de réadaptation et les centres jeunesse.

L’AQNP regroupe 550 neuropsychologues, chercheurs et doctorants en neuropsychologie.

L’AQPS (Association québécoise des psychologues scolaires) regroupe 450 psychologues scolaires.

SOURCE: Coalition pour l’accessibilité aux services des psychologues dans le réseau public québécois (CAPP)

RENSEIGNEMENTS: Richard Couture, président de la CAPP