Isolement lié à la COVID-19 : quels impacts sur la santé cognitive des ainés?
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Les mesures d’isolement mises en place depuis mars 2020 par le gouvernement québécois visaient un objectif noble : protéger la population âgée, plus à risque de complications graves ou de décès dus à la COVID-19.
Mais ces mesures ont amplifié l’isolement social, déjà plus marqué chez les ainés. Plusieurs études réalisées entre 2019 et octobre 2020 révèlent d’ailleurs que les ainés ont vécu une plus grande solitude et une augmentation des symptômes psychologiques.
Ce que disent les plus récentes études
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, l’isolement aurait des effets neurobiologiques directs et des effets indirects comme la diminution de la qualité du sommeil, de l’activité physique et un risque plus élevé de dépression.
Une étude écossaise, portant spécifiquement sur l’impact cognitif des mesures d’isolement dues à la pandémie, a démontré que les participants plus âgés avaient tendance à prendre des décisions plus risquées lorsqu’ils étaient isolés, que leurs capacités attentionnelles étaient moins bonnes. De plus, le jugement et les capacités d’adaptation des ainés seraient diminués dans un tel contexte.
Pour certains chercheurs, l’isolement dû à la COVID-19 a entraîné un déclin cognitif plus rapide et a augmenté le risque de développer un trouble neurocognitif majeur1. D’autres ont démontré qu’il a amplifié les troubles cognitifs et comportementaux pour les individus vivant déjà avec un trouble neurocognitif majeur.
Mais soulignons aussi que les ainés ne sont pas un groupe homogène. Certains ont trouvé l’isolement beaucoup plus difficile à vivre que d’autres. Les symptômes psychologiques (dépression, anxiété) ont été plus élevés chez ceux qui avaient le moins d’interactions sociales. Les ainés vivant seuls sont aussi ceux qui ont rapporté un plus grand sentiment de solitude2 et être plus préoccupés par rapport aux effets de la COVID-19 sur leur santé3.
Maintenir la santé cognitive des ainés en temps de pandémie
Prédire l’évolution de la pandémie au cours des prochains mois est difficile. Mais si les mesures sanitaires devaient se durcir à nouveau, il faudra diminuer l’isolement des personnes âgées en leur permettant de garder contact avec leurs proches.
Comment? En les initiant notamment aux technologies et aux réseaux sociaux pour augmenter la fréquence de leurs contacts sociaux4. Le maintien de petits services réguliers pour les personnes vivant à domicile (ex.: la livraison d’une épicerie ou de médicaments) leur permettrait aussi de conserver une routine, de préserver les contacts et ainsi atténuer le sentiment de solitude et d’incertitude5. Dans certains centres d’hébergement, des aides de service ont d’ores et déjà été formées pour assurer un maintien des interactions sociales6.
Qu’elle habite seule, avec des proches, à la maison ou dans une résidence, la personne âgée doit également rester active et multiplier les initiatives pour conserver ou améliorer sa santé cognitive. D’ailleurs, le fait de reprendre les activités délaissées durant la pandémie, aurait probablement un impact favorable sur la cognition. Une étude a montré que les capacités d’attention des ainés s’étaient améliorées après la levée des mesures d’isolement.
Au-delà des contacts sociaux
Selon la recherche, les ainés peuvent actionner d’autres leviers pour préserver leur santé cognitive.
Entreprendre des activités cognitives exigeantes et stimulantes peut améliorer certaines capacités cognitives comme la mémoire7. Des activités, ateliers et conférences en ce sens sont présentés sur le web, notamment par le Centre AvantÂge du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM). Des applications comme Luci ont même été développées pour les ainés qui souhaitent prendre soin de leur santé cognitive. Une intervention en neuropsychologie peut également contribuer à cette amélioration.
L’activité physique et la gestion des risques vasculaires ont, elles aussi, un impact positif sur la santé cognitive. Dans cet objectif, le Ministère de la Santé et des Services sociaux a mis en ligne le programme Le GO pour bouger afin de prévenir le déconditionnement. Plusieurs sites proposent également des conseils pour le bien-être psychologique et physique des ainés afin de les aider à mieux gérer leur stress, leur sommeil et leur alimentation. Autre initiative : la Société Alzheimer offre des ateliers en ligne comme le yoga du rire, ou la danse créative pour les ainés atteints d’un trouble neurocognitif et leurs proches aidants.
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Consultez notre article « Vieillissement | 8 conseils pour rester en bonne santé cognitive » destiné aux +60 ans
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Quand vieillir devient une force
Même si la pandémie les a touchés de plein fouet, n’oublions pas que les ainés peuvent aussi faire preuve de résilience. D’ailleurs, des auteurs émettent actuellement l’hypothèse selon laquelle le vieillissement augmente la capacité à faire face à l’adversité.
Certains ainés réagiraient donc mieux aux événements difficiles, verraient plus facilement le bon côté des choses et utiliseraient des stratégies d’adaptation8. Une étude récente démontre également que les personnes âgées semblent mieux réguler leurs émotions que les jeunes adultes puisque, contrairement à eux, elles ne rapportent pas vivre plus d’émotions négatives même si elles considèrent que la COVID-19 a perturbé leur vie9.
Article réalisé dans le cadre de la journée de la santé cognitive des ainés 2021 de l’AQNP, avec la contribution de Dre Anne-Sophie Langlois, PhD, Dre Brigitte Gilbert, PhD et Dre Hélène Imbeault, PhD.
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Références
1 Lazzari & Rabottini, 2020
2 Parlapani et al., 2020
3 Gustavsson et Beckman, 2020.
4 Parlapani et al., 2020
5 Parlapani et al., 2020
6 Dre Anne Décary, communication personnelle.
7 Belleville et al. 2018.
8 Charles, 2010.
9 Carney et al., 2020.