Zoom sur… les écrans et l’impact de leur utilisation sur la santé du cerveau | Tirez le meilleur parti possible de votre utilisation de la technologie Écrit le .
Posté dans Catégories: Santé cognitive.
Tags: Écrans et Santé cérébrale.

Quelle approche éducative avec les enfants et les adolescents?

 

 

En ce qui a trait à la relation aux écrans qu’entretiennent les enfants et adolescents, Dre Josie-Anne Bertrand, neuropsychologue et présidente de l’AQNP, suggère de promouvoir auprès des jeunes l’adoption des bonnes habitudes de vie face aux écrans, dans le but de mieux les outiller dans leur usage des technologies numériques « pour les préparer à évoluer dans une société qui est numérique et qui va encore l’être. Et selon nous, ça passe par l’apprentissage de l’autorégulation des comportements face aux écrans, dès la jeunesse. »

En ce sens, Charles Bourgeois rappelle qu’il faut avant tout parler d’approche avec eux. En effet, le dialogue philosophique et une approche non moralisante de la part des adultes seraient, d’après lui, extrêmement bénéfiques pour les jeunes. « On peut résumer la philosophie pour enfant avec la phrase suivante : plutôt que d’endormir avec des réponses et des prescriptions, on éveille avec des questions. » C’est de cette façon que les jeunes seraient amenés à créer du sens de leurs usages numériques et à développer leur pensée réflexive envers leur rapport aux écrans. « Par exemple, à l’école, cela pourrait se manifester par un dialogue philosophique autour du téléphone intelligent et la coconstruction avec les élèves d’un contrat sur leurs droits et responsabilités par rapport à son utilisation. Cette intervention est probablement la plus intéressante pour favoriser un changement qui provienne des jeunes, et non d’une intervention contraignante », illustre-t-il.

Et, comme le rappelle Dre Josie-Anne Bertrand, « Le lobe frontal est le siège des habiletés de jugement, de raisonnement, du contrôle de l’attention, de la régulation du comportement et du développement de la personnalité. Puisque ce lobe se développe jusqu’à l’âge adulte (environ la mi-vingtaine), ces fonctions sont encore immatures chez les jeunes, ce qui les rend particulièrement vulnérables et influençables. Les encourager à développer leur esprit critique en utilisant des exemples concrets tirés des médias (comme les influenceurs, les stratégies de marketing utilisées par les concepteurs de jeux, la désinformation, la fiabilité des sources) et à discuter de ce à quoi ils sont exposés sur les écrans peut les aider. »

Les liens entre contenus éducatifs, jeux vidéo et santé cérébrale

Disponibles sur nos appareils numériques, certains contenus éducatifs peuvent favoriser les apprentissages et offrir des opportunités de les mettre en pratique. Cela s’explique notamment par le fait qu’il faut alternativement engager sa créativité, faire travailler sa mémoire, trouver des solutions à des problèmes, élaborer des stratégies, ou encore prendre des décisions. Et puis, comme le rappelle Dre Arielle Bélisle, « certaines plateformes de socialisation permettent aux jeunes de communiquer avec les proches qui habitent loin, de faciliter la collaboration des travaux d’école et d’être un bon réseau de soutien. L’expérience des jeunes avec les écrans peut favoriser une bonne expérience cognitive et psychologique. »

Toutefois, quand on parle de jeux vidéo spécifiquement, Charles-Antoine Barbeau-Meunier indique que « L’environnement numérique et les jeux vidéos ne peuvent pas supplanter l’apprentissage en face à face ou en contexte terrain, et trop souvent, les études qui documentent une amélioration des habiletés cognitives avec des brain games ne font que mesurer le fait qu’une personne devient plus familière avec le procédé du jeu. » Selon lui, « c’est davantage le contexte du jeu vidéo qui devrait attirer notre attention : pendant la pandémie, des jeux comme Animal Crossings et Stardew Valley ont offert une opportunité d’immersion dans un univers apaisant, voire thérapeutique. »

Par ailleurs, notre interlocuteur note que des effets sont visibles sur le cerveau selon la manière dont on entre en relation avec l’environnement du jeu vidéo. « Il a été mesuré par exemple que naviguer au sein d’un jeu vidéo en utilisant activement sa mémoire des lieux – tel un mode exploratoire – est associé à une augmentation de taille de l’hippocampe, une structure cérébrale dont la taille est prédictive de bonne santé cérébrale, alors que naviguer à travers ce même jeu en réagissant plutôt à des dangers ambiants (tel un mode de tir à la première personne) est associé à une réduction de taille de l’hippocampe. »

D’autre part, la présence en ligne des gamers suppose souvent d’utiliser des plateformes de socialisation. Bien sûr, leur utilisation comporte certains risques comme la dépendance, la confrontation au sexisme ou la cyberintimidation, mais dans bien des cas, elles peuvent contribuer positivement à la santé psychologique des utilisateurs puisque ceux-ci y tissent des liens, communiquent dans des groupes et ressentent un sentiment d’appartenance avec leur communauté. 

Enfin, Charles Bourgeois attire notre attention sur le fait que « le jeu vidéo est un ensemble de pratiques sociales situées au cœur du quotidien des jeunes. Cela constitue une partie de leur rapport au numérique. Celui-ci est constitué de l’ensemble des représentations, des opinions, des attitudes, des valeurs, des usages et des compétences qu’une personne développe à l’égard du numérique. » Encore une fois, c’est la capacité à créer de la réflexion chez les jeunes autour de leur utilisation des écrans qui peut faire toute la différence. « Pour aborder les impacts potentiellement négatifs du jeu vidéo avec les adolescents sur le développement, leur regard subjectif sur ces pratiques sociales se révèle un facteur beaucoup plus déterminant que les caractéristiques dites objectives de la situation. Le changement doit provenir d’une prise de conscience », insiste-t-il.

Découvrez notre sélection de lectures pour mieux appréhender l’encadrement de vos jeunes avec les jeux vidéo : 

Les jeux vidéo pour enfants : Bien les comprendre pour mieux les choisir, de Maude Bonenfant, Simon Delorme, Alexandra Dumont, Cédric Duchaineau (Éditions Presses de l’Université du Québec, 2024)

Jeux vidéo : stratégies pour encadrer votre ado, un article de pausetonecran.com  

 

 

 

Se relaxer grâce aux applications, vraiment possible?

Disponibles sur les ordinateurs, tablettes et téléphones cellulaires, de nombreuses applications proposent d’aider les utilisateurs à se détendre, trouver une meilleure régulation émotionnelle et faire baisser leur niveau de stress.

De plus, elles permettraient d’améliorer l’attention et la concentration, notamment dans le cas où des pratiques méditatives de pleine conscience activent les réseaux attentionnels et éliminent la dispersion cognitive… sans compter l’impact positif sur le cortex préfrontal qu’elles pourraient avoir en favorisant la prise de décisions rationnelles.

Par exemple, certaines apps proposent de vous accompagner dans votre pratique de la cohérence cardiaque, une technique de respiration dont le but est d’équilibrer le système nerveux autonome et de réduire le stress en suivant des patterns avec lesquels synchroniser ses inspirations et ses expirations. D’autres se concentrent sur des programmes de méditation de pleine conscience (séances guidées, exercices de respiration, ambiances sonores apaisantes). Enfin, il existe des applications qui cherchent spécifiquement à améliorer l’endormissement et la qualité du sommeil en ciblant des sons et musiques apaisantes, des histoires pour s’endormir, des méditations (même si ce n’est pas l’aspect le plus mis en avant) et des suivis de sommeil. 

Voici quelques applications que nous vous recommandons pour méditer ou vous relaxer si vous en ressentez le besoin : 

 

Les applications spécifiquement dédiées à la méditation et au yoga de la série Down Dog (vendues en package dans l’App Store ou sur Google Play Store)

 

 

 

 

 

 

 

 

L’application Mindllama, dont l’interface peut être stimulante et même adaptée pour les enfants en bas âge. Elle combine des exercices de respiration, des sons apaisants et des éléments visuels engageants pour aider les utilisateurs à gérer le stress, améliorer leur concentration et favoriser un sommeil de meilleure qualité

 

 

 

L’application RespiRelax est dédiée à la cohérence cardiaque. Elle comporte des exercices de respiration guidée avec des visualisations pour vous aider à moduler et mieux gérer votre respiration

 

 

 

 

 

 

 

L’application Petit BamBou propose des programmes de méditation de pleine conscience, incluant des séances guidées, des exercices de respiration et des ambiances sonores apaisantes. Des thématiques telles que le stress, le sommeil et la concentration y sont abordées.

 

 

L’application Calm alterne méditations guidées, histoires pour s’endormir, exercices de respiration et musiques relaxantes. Les thématiques traitées sont similaires à celle de Petit BamBou, avec en plus un focus sur l’anxiété.

 

 

 

 

L’application BetterSleep se concentre sur l’amélioration de la qualité du sommeil en proposant des sons relaxants, des histoires pour s’endormir, des méditations ou encore des suivis du sommeil.

 

 

 

 

 

 

 

Un usage conscient des écrans pour interférer le moins possible avec le sommeil?

 

« La meilleure manière de minimiser l’interférence du numérique avec son sommeil, c’est de retirer le téléphone intelligent ou la tablette de sa chambre. Avoir son téléphone à portée de main (ou même sous l’oreiller, comme c’est souvent le cas), c’est exiger à son cerveau d’inhiber constamment l’envie d’accéder à son contenu, ou d’y céder. Ensuite, pour maximiser la qualité du sommeil, il est mieux de minimiser l’exposition à la lumière des écrans et d’éviter, une heure avant le sommeil, de consommer du contenu stimulant, et particulièrement les interactions sociales qui pourraient être stressantes.

Comme il peut y avoir tout un écosystème qui s’active la nuit et nous maintient éveillé, il ne faut pas oublier aussi de taire les notifications et de mettre des limites, par exemple en signalant à ses proches qu’on préfère ne pas être dérangé », rappelle Charles-Antoine Barbeau-Meunier, président du Conseil d’administration du C.I.E.L.

De son côté, l’AQNP a d’ailleurs récemment rappelé dans son Mémoire présenté à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes que « l’exposition à la lumière bleue des écrans et l’excitation cérébrale induite par les applications numériques envoient un signal au cerveau contraire à celui menant à l’amorce du sommeil ». Cela serait notamment dû à la réduction de sécrétion de mélatonine induite par l’exposition à la lumière des écrans – avec perturbation du cycle éveil/sommeil par la même occasion.

Voilà, on espère que cet article multidisciplinaire aura été éclairant pour vous en ce qui concerne les écrans, et que vous serez bien outillé.e.s pour en tirer le meilleur parti possible… tout en maintenant une bonne santé cérébrale. N’hésitez pas à partager vos commentaires et à garder l’œil ouvert sur nos prochains billets de blogue! On vous souhaite un beau printemps!


Découvrez-en plus sur nos collaborateurs

 

 


Nos références AQNP

Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes

 

Mémoire de l’AQNP présenté à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux à l’Assemblée nationale

2

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *