Zoom sur… les écrans et l’impact de leur utilisation sur la santé du cerveau | Tirez le meilleur parti possible de votre utilisation de la technologie
Écrit le .
Posté dans Catégories: Santé cognitive.
Tags: Écrans et Santé cérébrale.

L’impact de l’exposition aux écrans sur notre santé, en voilà un sujet qui fait jaser ces temps-ci! À la fois adoptés et controversés dans notre société, les appareils technologiques sont au cœur des préoccupations et des débats de santé publique. Faut-il les considérer comme des éléments nuisibles dont il faut à tout prix se méfier? Quels sont leurs impacts sur la santé cérébrale? De son côté, l’AQNP a une position nuancée quant à la question : il est important de définir des balises et des limites d’utilisation, mais il est également tout à fait possible d’en tirer des bénéfices dans notre vie quotidienne. En collaboration avec Charles-Antoine Barbeau-Meunier (médecin résident, M.A. sociologie) et Charles Bourgeois (docteur en éducation et numérique et chargé de cours) de l’Université de Sherbrooke, qui sont respectivement le président et le vice-président du conseil d’administration du CIEL (Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne), nos neuropsychologues vous partagent ci-dessous des façons de tirer le meilleur parti de votre relation aux écrans!
Les écrans, d’accord, mais à quel âge?
Pour les tout-petits et les enfants d’âge préscolaire (qui ont moins de 5 ans), les données scientifiques actuelles sont claires : avant l’âge de deux ans, il ne faut aucune exposition aux écrans (sauf pour de courts appels vidéo avec des proches), et entre deux et cinq ans, une durée maximum d’1h par jour devrait être envisagée avec des activités signifiantes (par exemple, la lecture de contes, le visionnement d’un documentaire ou d’un film en famille). Si l’exposition aux écrans n’est pas recommandée à cet âge, c’est parce que ceux-ci peuvent interférer de manière plus ou moins significative sur leur développement cognitif et psychologique. On parle notamment d’atteintes au niveau du langage, des fonctions attentionnelles et exécutives, ainsi que des apprentissages socio-émotionnels. En fait, comme l’explique Dre Catherine St-Pierre, neuropsychologue et co-responsable de l’axe pédiatrie de l’AQNP, « cela vient du fait que la petite enfance et la période d’âge préscolaire sont des périodes sensibles pour le développement de ces fonctions. Donc l’environnement dans lequel les tout-petits évoluent et les expériences qu’ils vivent ont le pouvoir de transformer leur cerveau, comme de la pâte à modeler. » Ensuite, une fois l’âge scolaire atteint, les études montrent des résultats moins tranchés, et il n’y a pas de consensus clair sur la question.
💡 Quoiqu’il en soit, il existe bel et bien un usage dit « problématique » des écrans dû à l’utilisation excessive et répétée de ceux-ci. C’est cette exposition prolongée qui peut perturber le fonctionnement des jeunes utilisateurs et s’accompagner de problèmes psychologiques comme l’anxiété, la dépression et la difficulté à gérer ses émotions. Des problèmes relationnels peuvent du même coup émerger, tels que l’isolement social, la solitude et les conflits avec les proches.
Définir un temps d’écran et se laisser le temps de la réflexion
Avouez-le, vous aussi, vous avez forcément déjà ouvert une application sur votre cellulaire par automatisme, sans avoir de raison évidente de le consulter immédiatement. C’est parce que, devant le conditionnement et l’imprévisibilité (« Que vais-je trouver cette fois-ci? »), votre cerveau développe des réflexes et s’attend éventuellement à recevoir sa petite dose de dopamine, avec le circuit de la récompense qui s’active en découvrant par exemple qu’une personne a réagi à vos publications. Cela arrive aussi dans le cas où on enchaîne le visionnement de courtes vidéos, car, comme l’illustre Dre Arielle Bélisle, VP Clinique et scientifique de l’AQNP, « ça entraîne une recherche constante de récompenses immédiates, et ça va nuire aux activités où la récompense n’est pas immédiate, comme celle où il faut soutenir sa concentration. »
Pour contrer ce phénomène de dépendance, vous pouvez paramétrer des applications qui imposent un délai modulable pendant lequel vous pouvez réfléchir si, oui ou non, vous avez réellement besoin d’ouvrir Tik Tok ou votre boîte courriels tout de suite. Cette simple étape supplémentaire avant ouverture évite ainsi les distractions et permet de reconsidérer son choix en se demandant « Est-ce vraiment important maintenant? »

Une autre option peut être d’instaurer une limite quotidienne de temps d’écran. Par exemple, certaines applications sont conçues pour vous informer du temps passé sur chaque app de votre appareil, graphiques à l’appui, et vous proposent de planifier des périodes sans distraction. Il est également possible de configurer une durée maximale de consultation autorisée par jour (notamment pour les réseaux sociaux ou les jeux vidéo).
En fait, de façon générale, notre interlocuteur Charles Bourgeois conseille d’avoir la ligne directrice suivante : il faut prendre le temps de conscientiser son utilisation des écrans, en cherchant toujours à faire des choix éclairés. Selon lui, cette règle peut s’appliquer même aux plus jeunes : « Considérer la curiosité et la pensée critique des enfants et des adolescents, c’est miser sur leur autonomie en passant par l’éducation ». En tant qu’adultes, nous aurions donc la responsabilité d’être des modèles pour les jeunes, notre propre usage des écrans comptant dans les paramètres ayant une influence sur eux. « Misons sur notre habileté à échanger, à écouter et à nous éduquer collectivement », explique-t-il.
Voici nos recommandations d’applications pour éviter les automatismes d’ouverture et mettre des limites quotidiennes de temps passé sur chacune d’entre elles :
Cette application sert en quelque sorte de bouclier contre les automatismes d’ouverture d’applications (notamment les réseaux sociaux), en imposant un délai modulable pendant lequel vous pouvez décider ou non si vous voulez vraiment y avoir accès.
Le but de cette application est de vous fournir un suivi du temps passé sur chaque application et de définir ou non des limites d’utilisation, tout en s’appuyant sur des graphiques détaillés pour que vous puissiez déterminer quelles sont vos habitudes numériques.
S’outiller avec des ressources fiables
Saviez-vous qu’au Québec, il existe des organismes dédiés à promouvoir le bien-être numérique?

Par exemple, le site internet Pause ton écran offre de l’information, des outils, des ressources et des conseils pour évaluer son usage des écrans, éviter l’hyperconnectivité et réussir le plus possible à avoir un rapport sain aux technologies numériques. Nous vous encourageons notamment à faire leur quiz en ligne « Es-tu accro à la techno? » pour déterminer si votre relation aux écrans est bénéfique pour vous et si vous l’entretenez en tout état de cause. Par ailleurs, le CIEL (Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne) est une fondation qui fait notamment la promotion de saines habitudes de vie avec les écrans et cherche à en prévenir les méfaits, notamment par le biais d’ateliers de bien-être numérique donnés aux enfants et adolescents (Atelier Jeux vidéo), ou aux parents (Atelier Présentation | Bien-être numérique en famille).
« Le CIEL est un organisme à but non lucratif d’abord, mais c’est surtout un projet sociétal de promotion du bien-être numérique auprès des jeunes au Québec », explique Charles-Antoine Barbeau-Meunier. « Il est opéré par une toute petite équipe de gens passionnés et hautement qualifiés sur la question des enjeux du numérique, des jeunes et de la société […] D’une dizaine d’ateliers bénévoles offerts au secondaire en 2019, le CIEL est aujourd’hui financé par le Ministère de l’Éducation et le Ministère de la santé et des services sociaux, et est en mesure d’offrir gratuitement plus de 1000 ateliers annuellement sur une douzaine de régions administratives, sans compter ses interventions auprès des parents, éducateurs, acteurs politiques, et une collaboration croissante avec le monde de la recherche. »
Voici des ressources que nous vous suggérons fortement d’utiliser pour contribuer à votre bien-être numérique :
Sujets pouvant vous intéresser
Tous les articlesPour aller plus loin
Informez-vous sur l’évaluation en neuropsychologie et retrouvez nos adresses où consulter un neuropsychologue