• Transdisciplinarité

    Posted by William Aubé on 8 février 2017 à 16 h 24 min
    Bonjour, 

     

    Les modèles de pratiques au sein des établissements se transforment. On entend de plus en plus parler de la transdisciplinarité pour pallier la «culture disciplinaire» dans les équipes interdisciplinaires. Des modèles critiques le travail en silo de certains membres d’équipes inter et suggèrent par ailleurs que les actes réservés favoriseraient la présence d’un système hiérarchique et de jeux de pouvoirs (inéquité) dans les équipes. On décrie aussi le manque de cohésion et de continuité dans le volet «intervention» post-évaluation […]. 

     

    À titre d’exemple, les travailleurs et travailleuses sociaux répètent qu’ils et elles n’ont pas été formés pour remplir des demandes d’aide financière de dernier recours ou encore faire la file au centre local d’emploi pour aider monsieur dans ses démarches de réinsertion. Ce serait en raison de la «culture d’établissement», en dépit d’autres professionnels disponibles, ou encore d’une dérive du concept de travail social que cela tombe dans leur cour. Dans la philosophie transdisciplinaire, de ce qu’on m’en a exposée, il revient à tous les membres d’une équipe trans de collaborer à l’ensemble de ces démarches. Peu importe le titre professionnel, toutes et tous font le suivi d’usagers qui leur sont assignés et portent les interventions en conséquence, et ce, de façon concomitante aux tâches spécifiques liés à la profession, le cas échéant. On invoque la richesse des informations obtenues dans ces contextes et de pouvoir «mieux» intervenir (on peut se questionner sur les objectifs des interventions). Conséquemment, vous me voyez venir, si le psy/neuropsy qui travaille dans une équipe explique qu’il ne souhaite pas faire des demandes d’aide financière ou de l’accompagnement au centre local d’emploi (etc.), il sera accusé d’alimenter la culture en place, le travail en silo et la hiérarchie, voire l’élitisme. Voilà évidemment un sujet délicat!

     

    Les modèles transdisciplinaires recherchent (et valorisent) la diversité des formations professionnelles mais on semble y perdre en spécificité. Je ne voudrais pas faire d’analogie avec le nivellement vers le bas où le manque de spécificité de certaines professions peut teinter le travail d’autres professions, mais j’entretiens certaines appréhensions au regard d’un tel modèle, et ce, au-delà des enjeux d’efficience et d’«optimisation des ressources». On argue par ailleurs que c’est ce qui «est le mieux» pour l’usager et ses besoins. On ne peut pas être contre la vertu! Or, je crains que l’on nous demande de faire un peu de tout pour pallier les limites du réseau.

     

    Comment bien faire valoir la complémentarité de notre expertise et de notre apport dans ce contexte est un défi auquel nous serons probablement confrontés, selon le milieu de pratique. 

     

    Vos pistes de réflexion ? Des expériences avec la transdisciplinarité ?

     

    Merci! 

     

     

    N.B.  Voici un texte sur le sujet que ma «chef de service» m’a soumis: 

    De la multi à la transdisciplinarité, des modèles de collaboration qui enrichissent l’intervention. Monthuy-Blanc et al., Octobre 2016,  tiré de la revue de l’Ordre des Psychoéducateurs (ici)

    Extrait

    […] la transdisciplinarité apparait souvent comme la meilleure option pour favoriser la collaboration de différents intervenants et ainsi offrir des interventions plus efficaces. Constituant un véritable défi dans le milieu de pratique, cette approche demande un niveau élevé de synergie et de relation entre des intervenants qui partagent une vision commune afin de mieux comprendre et concevoir la complexité clinique. Une plus grande cohésion entre les intervenants en misant sur des pratiques conjointes tout en respectant les activités réservées à chacune des disciplines est ainsi assurée. La transdisciplinarité permet une réflexion et une action commune davantage intégrée autorisant le dépassement des cloisonnements entre les disciplines.  Chaque discipline est au service de l’intervention, laquelle est à la fois comprise et transférable pour chaque intervenant.

    Amélie Beausoleil répondu Il y a 6 années, 7 mois 3 Membres · 3 Réponses
  • 3 Réponses
  • Valérie Drolet

    Membre
    8 février 2017 à 19 h 47 min

    Oh lala… 

     

    Je n’avais pas entendu parler de ça. Comme tu le soulignes si bien: 

     

     

    mais j’entretiens certaines appréhensions au regard d’un tel modèle, et ce, au-delà des enjeux d’efficience et d’«optimisation des ressources». On argue par ailleurs que c’est ce qui «est le mieux» pour l’usager et ses besoins. On ne peut pas être contre la vertu! Or, je crains que l’on nous demande de faire un peu de tout pour pallier les limites du réseau.

     

    Je me verrais très mal jouer le rôle d’une éducatrice spécialisée ou d’un intervenant psychosocial alors que je n’ai pas la formation pour cela du tout et que, pendant ce temps, je ne fais pas ce pour quoi je suis formée: des évaluations neuropsychologiques!

     

    Je suis un peu découragée quand je constate que c’est ta gestionnaire qui t’as donné de l’information là-dessus. Loin de moi l’idée d’avoir l’air réfractaire au changement, mais j’y vois une façon (plus ou moins) déguisée, de pallier les manques du système actuel. Aussi, ça peut sembler bien beau «en théorie», mais je suis curieuse de voir dans quel genre de milieu une telle approche peut fonctionner… 

     

    J’ai hâte de lire ce que les autres ont à dire sur le sujet… 

  • Anonyme

    Invité
    9 février 2017 à 13 h 58 min

    Merci William pour cette lecture (que j’ai fait rapidement, je dois l’avouer). Moi non plus je n’avais jamais entendu parler de la transdisciplinarité, mais à première vue c’est comme si c’était une nouvelle proposition, mais qui n’est que légèrement différente de ce qu’on comprend de l’interdisciplinarité dans certains milieux.

    Mes réflexions:

    Conséquemment, vous me voyez venir, si le psy/neuropsy qui travaille dans une équipe explique qu’il ne souhaite pas faire des demandes d’aide financière ou de l’accompagnement au centre local d’emploi (etc.), il sera accusé d’alimenter la culture en place, le travail en silo et la hiérarchie, voire l’élitisme.”

    Ce que tu expliques ici William semble être une extrapolation de ce qui est exposé dans le texte parce que leur exemple est beaucoup plus “soft”:

     

    “Par exemple, le psychoéducateur peut discuter avec le client présentant un TCA des apports alimentaires nécessaires pour poursuivre une évolution favorable sur le plan pondéral et le médecin peut discuter avec le client de l’importance des activités de socialisation afin de favoriser une évolution favorable sur le plan psychosocial.”

    Si le fait qu’un médecin discute des aspects psychosociaux avec une patiente tombe dans la transdisciplinarité, alors ça me donne l’impression que la définition d’interdisciplinarité est donc très resctrictive, et que si, au sein d’une équipe, je parle avec un patient d’une médication pour x problématique, en tant que neuropsy., alors que ça relève du médecin ou du pharmacien, je tombe déjà dans une pratique transdisciplinaire ? Si c’est ça, tant mieux! Mais moi je pensais que c’était justement ça l’interdisciplinarité!

     

    -À chaque fois qu’il y a un nouveau mouvement, une nouvelle pratique, il y a toujours des professionnels ou des gestionnaires qui sautent à pieds joints, éblouis par la vertu et l’idée de faire mieux. Dans ce cas-ci, quelle est l’évidence scientifique qui nous démontre que le fait d’implanter une approche de transdisciplinarité va améliorer les services? A-t-on fait des études comparatives entre plusieurs équipes de travail? A-t-on mesuré la perception des professionnels avant, pendant et après la mise en place d’une telle approche? A-t-on réellement mesuré l’impact sur la qualité des services? Sur les coûts, la satisfaction de la clientèle?

    -Avant toutes les questions énumérées ci-haut, est-ce que cette approche a été bien opérationnalisée dans la littérature, de sorte que si on l’implante à Québec ou au Saguenay, ou à Montréal, on va observer des fonctionnements et résultats similaires? Ou à l’inverse, chacun va y aller de sa propre perception de ce qu’est l’approche transdisciplinaire –> bonjour les excès, les conflits inter-professionnels et peut-être quelques discussions soutenues aux relations de travail…et là ça rejoint justement tes craintes William, et que je partage aussi.

  • Amélie Beausoleil

    Membre
    9 février 2017 à 16 h 10 min

    Bonjour!

     

    Je n’ai pas encore entendu parler de transdisciplinarité dans les milieux de soins mais bien plus en gestion et en recherche.. Et personnellement, ce que je comprends de la transdisciplinarité ne m’apparaît pas avoir sa place aux seins des équipes professionnelles en santé car comme d’autres l’ont noté, la dérive est de perdre la spécificité de chacun. Un peu comme a dit Jean-Pierre, ça fait “wow”! – nouveau concept qui parait bien alors que dans les faits, on est pas mal plus dans l’interdisciplinarité tout court. Un peu comme si avec une twist du langage, on cherchait à augmenter l’adhésion des professionnels à la collaboration en changeant de préfixe:TRANS, comme dans “un peu de toi et un peu de moi alors parlons-nous. “…

     

    Ce nouveau concept n’est cependant pas rendu à ce point dans le réel si je me fie aux travaux des différents ordres professionnels ces dernières années en regard de la collaboration . Ainsi, je vous réfère à ce site qui m’apparaît beaucoup plus à propos, et que chaque gestionnaire d’équipe en santé devrait étudier à fond!!!

     

     http://collaborationinterprofessionnelle.ca/