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  • Posted by Véronique Labelle on 19 février 2014 à 1 h 19 min

    Bonjour!

     

    Un cas récemment rencontré en clinique a sollicité chez moi plusieurs questionnement quant à l’évaluation/la démarche évaluative du TDA/H.

     

    Voilà une présentation des grandes lignes de ce cas pour mettre la table :)individuals with ADHD may exhibit cognitive problems on tests of attention, executive function, or memory, although these tests are not sufficiently sensitive or specific to serve as diagnostic indices

     

    J’avais bien cette notion que le cadre d’une évaluation neuropsy (1 @1, absence de distractions environnementales) pouvait considérablement limiter nos chances d’observer des difficultés aux tests, notamment chez les ados/adultes.

     

    Mais qu’en es t-il chez les enfants ? Est-ce aussi vrai? Vous sentez-vous à l’aise d’émettre un Dx de TDA/H chez un enfant qui présente des scores dans la moyenne/moyenne élevée aux tests neuropsychologiques?

     

    Dans l’affirmative, si nos épreuve ne sont effectivement pas suffisamment sensibles/spécifiques, est-ce que se baser uniquement sur l’histoire développementale, les questionnaires remplis par l’entourage et l’exclusion d’autre causes potentielles de difficultés (e.g. trbl d’apprentissage) ne serait pas suffisant?

     

    Dans le cas mentionné ci-haut, l’on note un beau profil cognitif, des observations qualitatives n’orientant pas nécessairement vers un TDA/H, un SGT probable (TDA/H souvent comorbide) mais des résultats non convergeant et des scores limites aux questionnaires !

     

    Je serais curieuse de savoir ce que vous en pensez !

     

    Merci à l’avance !

     

     

    Véronique Labelle répondu Il y a 9 années, 5 mois 3 Membres · 4 Réponses
  • 4 Réponses
  • Vincent Moreau

    Membre
    19 février 2014 à 14 h 31 min

    Je suis à l’aise de poser un diagnostic de TDAH, même si l’essentiel des tâches cognitives demeure dans la moyenne. Le TDAH demeure avant tout un diagnostic comportemental et les tests ne se sont pas (à ce jour) montré très spécifiques/sensibles. On peut donc poser un diagnostic en se basant sur l’histoire du développement et les données de l’entrevue et des questionnaires comportementaux, ce que font d’ailleurs beaucoup de professionnels. Je demeure toutefois convaincu de l’utilité de l’évaluation neuropsychologique pour aider au diagnostic différentiel, mieux prévoir le pronostic et adapter les interventions (voir à cet effet cet article). Par exemple, l’exclusion des autres causes potentielles des symptômes, notamment un trouble d’apprentissage ou du langage, n’est pas toujours évidente sur la base des données de l’histoire.

     

    Concernant ton cas, je me questionnerais d’abord sur le motif de consultation puisqu’il semble bien fonctionner à tous les niveaux. Les parents consultent seulement en raison de la présence des tics? Quelles est la nature des tics (vocaux, moteurs uniquement)? Il est vrai que TDAH et SGT coexistent souvent, mais, à ma connaissance, lorsqu’ils sont comorbides, la présentation est assez sévère et le fonctionnement quotidien est très compromis. Je trouve qu’ici le nombre de symptômes évalué par le Conners est tout juste limite, qu’en est-il des scores T? Résultats aux autres échelles? D’autres échelles comportementales utilisées (BASC-2, …)? En plus, s’il on ne retrouve pas de gêne fonctionnelle significative, on ne peut pas confirmer un diagnostic de TDAH. Il y a un certain chevauchement des symptômes entre SGT et TDAH et dans le cas ici, si le SGT est avéré, et sur la base des informations disponibles, il m’apparaît isolé, mais accompagné de quelques manifestations d’inattention et d’hyperactivité non suffisantes pour s’inscrire dans un diagnostic additionnel.

  • Véronique Labelle

    Membre
    21 février 2014 à 16 h 30 min

    Bonjour Vincent!

     

    Merci pour tous tes commentaires!

     

    Je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’utilité de l’évaluation neuropsychologique, notamment du point de vue du Ddx. Les requêtes pour TDA/H sont fréquentes, mais le Dx final n’est effectivement pas toujours celui-là. Notre rôle de départager les symptômes et de trouver la meilleure cause explicative est à mon avis tout à fait pertinent.  En fait, c’est la nature même de notre travail!

     

    Mon questionnement découlait, entre autres, du fait que l’on m’avait déjà dit que chez les enfants, lorsqu’il y avait TDA/H, les symptômes sont généralement suffisamment importants pour se refléter dans nos tests. Alors que chez l’adulte je me sens bien à l’aise de donner un Dx lorsque toutes les informations de la vie quotidienne concordent (questionnaire du patient [actuel et passé], des membres de l’entourage, des bulletins, des commentaires aux bulletins, etc) sans nécessairement que cela ressorte aux tests neuropsychologiques, je me questionnais davantage pour l’enfant. À mon avis, j’avais l’impression que que les enfants pouvaient, eux aussi, compenser leurs difficultés dans un contexte encadrant,  mais avoir l’opinion d’un autre collègue, ça aide :)Conners:

    Parent 1 :     ATTN          5/9   (T= 72)      H/I          3/9 (T= 62)          FCTIONNEL occasionnel notes

    Parent 2 :     ATTN          5/9   (T= 68)      H/I         6/9  (T= 73)          FCTIONNEL occasionnel notes/fam

    Prof titulaire: ATTN         7/9    (T= 65)       H/I         3/9 (T= 60)         FCTIONNEL occasionnel notes

                                                                                                              pas inquiète.

     

    Mon opinion concernant l’attention = Compte tenu du fait que l’incidence fonctionnelle apparaît particulièrement limitée et que les critères Dx ne sont pas rencontrés pour plusieurs répondants, j’avais également l’impression de possibles difficultés attentionnelles et de manifestations d’agitation, sans toutefois donner le Dx de TDA/H.

     

    Merci !

  • Anne-Marie Adam

    Membre
    25 mars 2014 à 1 h 40 min

    Comme les Conners’ peuvent être teintés par les comportements liés au SGT, que l’enfant est fonctionnel, que les critères ne sont pas rencontrés pour tous les  répondants et qu’en plus les résultats d’évaluation sont assez bons, j’aurais tendance à rester nuancée également. 

     

    Je travaille en pédopsychiatrie (dans une clinique externe spécialisée en TDA/H) et dans les cas de TDA/H plus complexes et/ou avec comorbidités, les enfants sont généralement observés dans le milieu scolaire pour préciser le diagnostic. 

     

    Même si les critères du DSM sont suffisants, les symptômes peuvent être secondaires à d’autres troubles et c’est plus évident de faire la distinction dans le milieu de l’enfant qu’en se fiant aux questionnaires ou en communicant avec les intervenants. S’il bouge pour réduire la tension associée au tics, ou s’il est déconcentré par ses tics, je n’ajouterais pas un dx de TDAH. 

     

    Je suis également de l’avis de Vincent concernant la comorbidité SGT et TDA/H… normalement les impacts fonctionnels sont relativement importants lorsque les deux troubles sont présents. 

  • Véronique Labelle

    Membre
    4 avril 2014 à 16 h 30 min

    Bonjour Anne-Marie,

    Je suis tout à fait d’accord avec toi !

    J’ai aussi cette impression que le SGT peut effectivement teinter les résultats aux CONNERS. Et pour le cas spécifique, j’y suis effectivement restée nuancée 🙂 Dans les cas de SGT je m’organise toujours pour questionner l’enfant sur ses tics (y pense t-il en classe, est-ce que ça l’empêche de porter attention à son travail, tente t-il de les camoufler, etc). Je trouve que c’est souvent très aidant dans la compréhension clinique, mais surtout dans l’orientation et les recommandations. Je trouve aussi qu’il peut être facile de mettre un DX de TDA/H dans ces cas, alors une investigation + approfondie m’apparaît souvent nécessaire!