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Étiquetté : Dyslexie, Simulation, TDAH
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Simulation de troubles d’apprentissages/TDAH
Posted by Frédérique Escudier on 13 octobre 2013 à 21 h 32 minLorsque vous évaluez des TDAH et troubles d’apprentissages, utilisez-vous parfois des tests de simulation?
Les personnes qui sont diagnostiquées reçoivent des accommodations enviables (temps supplémentaires lors des examens, subventions pour l’achat d’un ordinateur ou de logiciel, etc.).
Avez-vous déjà eu l’impression qu’un de vos clients simulait pour avoir ces bénéfices?
Si oui, qu’avez-vous fait?
J’ai récemment découvert le b-test qui peut être intéressant dans les cas de simulation de dyslexie, mais il y en existe peut être d’autres : http://portal.wpspublish.com/portal/page?_pageid=53,70484&_dad=portal&_schema=PORTAL
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14590550
Je ne connais par contre pas de test pour évaluer la simulation d’un trouble d’attention. Avez-vous des suggestions ?
Claude Paquette répondu Il y a 7 années, 10 mois 5 Membres · 12 Réponses -
12 Réponses
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C’est une question de plus en plus soulevée aux É-U, surtout en ce qui concerne le TDAH et la possibilité de se faire prescrire des stimulants. Voir cette récente revue à ce sujet: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22582347. À ma connaissance, ce n’est pas encore courant au Québec.
Une bonne pratique consiste à demander des “preuves” documentaires du parcours scolaire de la personne (bulletins, évaluations antérieures, …); il est peu probable qu’un TDAH ou une dyslexie ne commence à ne se manifester qu’au cégep/université. Voir avec les parents ou proches de la personne. Une présentation trop “textbook” me mettrait aussi la puce à l’oreille, du style “j’ai lu les critères sur wikipédia”. Il faut enfin voir la cohérence des résultats et le niveau de sévérité; chez quelqu’un s’étant rendu au cégep/université et ayant ainsi compensé depuis, je ne m’attendrais pas à des résultats effondrés aux tests cognitifs.
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Merci pour l’article Vincent.
Oui la revue du parcours scolaire avec bulletins est utile, et dans les cas typiques ça aide beaucoup. Mais ce n’est pas si clair dans 100% des cas, exemples avec la dyslexie :
- si le français est la matière où la personne a les moins bonnes notes dans son bulletin, elle pourrait par exemple avoir toujours eu simplement une faiblesse en français + manque de motivation donc pas assez de travail = mauvaises notes en français
- si les notes sont plutôt faibles dans toutes les matières ça pourrait être dû à une dyslexie qui aurait découragé le jeune de l’ensemble de ses apprentissages ou bien simplement à un manque de travail général dans toutes les matières, dur de savoir.
- si les notes sont plutôt bonnes dans toutes les matières, il est possible que ça soit une personne dyslexique qui a eu beaucoup de support (c’est le cas d’une de mes clientes actuelle, ses 2 parents sont enseignants et l’ont aidé +++ toute sa scolarité, sa mère corrige encore tous ses travaux, même si elle est actuellement à l’université)
Pour le TDAH, les bulletins sont utiles quand les enseignants ont écrit des commentaires sur le comportement. Je trouve également utile de demander aux parents de remplir les questionnaires d’évaluation des symptômes de TDAH (durant l’enfance et actuellement), et pas seulement de les faire remplir par le client.
Mais je trouve ça léger de n’avoir que ça pour juger de la validité avec les conséquences que notre diagno a (médication, adaptations)… (surtout que je ne suis pas prête à dire que la personne simule juste parce que les parents n’évaluent pas les symptômes d’inattention au dessus du seuil clinique).
Comme dit l’article, il est facile d’imiter un vrai TDAH dans nos tests et je suis d’accord avec leur conclusion : “This review suggests that there is substantial need for measures designed specifically for detecting malingered ADHD simulators are able to produce plausible profiles on most tools used to diagnose ADHD.”
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Il y avait eu un bon symposium à ce sujet à l’INS en 2012: Are they faking or is it real? Research on symptom validity testing for learning disability and ADHD assessment. Il y a eu notamment Paul Green qui avait présenté son test WMT, A. Harrison avait fait un résumé de littérature à propos des maligerers “confessés”, E. Anderson qui a présenté à propos du MSVT et d’autres mesures dérivés dans le CPT-II et le TOVA. Il y avait aussi une présentation très intéressante sur les stratégies à employer avec les clients en cas de performance non crédible par J. Suhr (ex.: avertir ou pas qu’il y a des mesures d’effort, discontinuer ou pas l’éval, confronter ou pas le client, façon de rapporter cette info, etc.)
J’ai cette conférence en audio+ppt (que je ne peux malheureusement vous partager ici en raison des droits d’auteurs), mais je pourrais prendre éventuellement le temps de faire un résumé des faits saillants en fonction de l’intérêt manifesté…
Des stats aux USA présentées par un des conférenciers à ce symposium soulignent l’importance de ton message Fred: 16% des étudiants qui ont été évalué pour un trouble d’apprentissage et 22 à 48% des étudiants évalués pour un TDAH ont feint ou exagéré leurs symptômes…
Il y a certainement plusieurs ressources sur internet qui offrent un mode d’emploi pour se qualifier pour un diagnostic…On parle de plus en plus de “Sophisticated malingerers” et des difficultés pour les dépister.
Comme le dit si bien Dr House: “All patients lie. All people lie”…
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Merci Simon. J’avais malheureusement raté le congrès de l’INS, j’étais en vacances.
Je mets à mon horaire de la prochaine fin de semaine de me procurer l’audio de la conférence et de revenir en faire une review ici.
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Voici un résumé de la conférence sur la simulation des troubles d’apprentissage et du TDAH chez les étudiants au congrès 2012 de l’INS
Are they faking or is it real? Research on symptom validity testing for LD and ADHD assessment – (INS-2012)
Chair : Allyson Harrison
1. Introduction :
- La majorité des étudiants admettent tricher pour obtenir un diplôme.
- On trouve des conversations d’étudiants sur internet sur la façon de simuler un TDAH ou un trouble d’apprentissage :
- 16% des étudiants universitaires se faisant évaluer simulent ou amplifient un trouble d’apprentissage :
- 22 à 48% simulent ou amplifient un TDAH
2. Specificity of SVT failure in children – Paul Green
- Présentation du WMT et de la spécificité de l’échouer chez les enfants. Green & Flaro 2003
- Les tests de simulation montrent une bonne spécificité chez les enfants avec troubles développementaux (dont déficience intellectuelle) : MSVT (96.6%), WMT (95.3%) et NV-MSVT (90.6%).
- Ne parle pas de la sensibilité dans sa présentation
3. A review of data from confessed college-aged malingerers undergoing LD and ADHD assessments : What can they teach us? – Allyson Harrison
- Les tests de simulations (SVT) ont été développés pour identifier les personnes qui simulent dans un contexte de TCC. Alors, peut-on les utiliser dans pour les TDAH et TA?
- Sur 500 évaluations par an dans un centre d’évaluation régional en Ontario : 6 personnes ont confessé avoir simulé et 35 ont échoué WMT + un autre SVT
- En général, les SVT identifient les personnes qui performent de la même manière que ceux qui ont avoué simuler
- Ceux qui ont avoué simulé :
- exagèrent dans les tests de vitesse de traitement et de vitesse de lecture
- surestiment les problèmes MdT (séquences de chiffres, Reliable digit span, Séquences lettres-chiffres)
- sont plus paranoïaques, se sentent persécutés et ont davantage de ressentiments (tests de personnalité)
- Conclusion :
- Échec 2 tests SVT = forte évidence d’une performance exagérée
- Échec à 1 test sur 2 de SVT= ne garantit pas un bon effort
- Faible score à vitesse de traitement, vitesse de lecture ou/et tests de MdT du WAIS + échoue SVT = fort indicateur d’une performance non crédible
4. Research Methods for the Application of Symptom Validity tests in a ADHD Population – Lindsey Jasinski
Présentation des bonnes méthodes de recherche sur la simulation. Je ne résume pas sa présentation car son thème est donc sur un sujet différent (juste pour info mot clé intéressant si vous faites une recherche de littérature : “analogue” = simulateurs volontaires)
J’en profite pour vous mettre la référence et quelques résultats d’un de ses articles qui est intéressant : Using Simptom Validity Tests to Detect Malingered ADHD in College Students. Jasinski et al. 2011
QQ extraits :
Participants with no self-reported history of ADHD or other psychiatric disorders were randomly assigned to either respond honestly (HON, n = 28) or malinger symptoms of ADHD (MAL, n = 22). Participants with a self-reported history of ADHD and no comorbid disorders were also randomly assigned to either respond honestly (ADHD-H, n = 20) or exaggerate their symptoms (ADHD-E, n = 18).
(…)
The MAL group scored significantly lower (except for the reverse scored b Test for which it was significantly higher) on all SVTs than the ADHD-H group. Additionally the ADHD-E group produced significantly lower mean scores than the ADHD-H group for all the SVTs except the b Test and the NV-MSVT. Although these group differences are encouraging, the examination of classification accuracy is perhaps even more important for evaluating the clinical utility of these tests.
Classification parameters at recommended cutting scores for each test are presented in Table 4. For the purposes of determining sensitivity, the MAL and ADHD-E groups were combined here. These values generally fell in the moderate range. It should be noted that almost all of the SVTs were significantly more sensitive to the MAL group than to the ADHD-E groups, with median sensitivity to the former group at approximately. 50. In contrast, the median sensitivity for the ADHD-E group was approximately. 25. Although the sensitivity to normal students feigning ADHD is acceptable, the much lower sensitivity to those with ADHD exaggerating their condition is further evidence that this group is more difficult to detect, perhaps because of their greater familiarity with “realistic” levels of symptoms. Turning to specificity values, the median specificity in the ADHD-H group was approximately. 975.
5. Sensitivity and specificity of the MSVT and embedded measures for the CPT-2 and TOVA when evaluating college students for possible ADHD – Elizabeth Andresen and David Osmon
Méthodologie:
- Groupes :
- ADHD : 30
- ADHD simulateurs : 29
- Normal Incentive Controls : 28 (=donne des crédits)
- High Incentive Controls : 26 (= donne des crédits + devaient performer en faisant comme s’ils se faisaient évaluer das un contexte de travail et que ça pouvait leur donner une promotion)
- Simulateurs ont 1 semaine pour se préparer avant l’évaluation
- Tests utilisés : CPT-2, TOVA, MSVT
Résultats
- Échec au MSVT :
- 1 ADHD, 1 normal incentive, 0 high incentive, 19 Simulateurs
- Simulateurs vs ADHD : sensibilité = 66%, spécificité = 97%, PPV = 95%, NPV = 74%
- La moitié des participants ont dit qu’ils ne pensaient pas que les TDAH devraient échouer le MSVT. Donc mauvaise validité apparente.
- CPT-2 : Variabilité, et commissions du bloc 2
- sensibilité = 83%, spécificité = 85%, PPV = 86%, NPV = 82%
- TOVA revealed variability
- sensibilité = 79%, spécificité = 81%, PPV = 82%, NPV = 78%
- TOVA SEI
- sensibilité = 90%, spécificité = 59%, PPV = 32%, NPV = 56%
Si 1 SVT échoué : sensibilité = 93%, spécificité = 60%, PPV = 69%, and NPV = 90%.
Si 2 SVT échoués : sensibilité = 76%, spécificité = 90%, PPV = 88%, and NPV = 79%.
Si 3 SVT échoués : sensibilité = 35%, spécificité = 97%, PPV = 91%, and NPV = 60%
6. Strategies for Addressing Noncredible Performance in Psychoeducational Assessments of Young Adults – Julie Suhr
7. Conclusion – Robert Mapou
- TOUJOURS gains secondaires pour étudiants TDAH et LD
- symptômes TDAH facilement simulés
- besoin de tests spécifiques pour évaluer la simulation chez ces populations
Note : Je suis tombée sur cet article en faisant mes recherches Are you faking ADHD to get drugs? Doctors are on to you! Un article qui décrit les résultats des simulateurs aux tests! Est-on arrivé au point où il va falloir faire des études sur la détection des simulateurs connaissant la différence des profils cognitifs aux tests entre les simulateurs et les vrais TDAH?
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Merci Fred pour cet excellent travail de résumé de la conférence. On jurerait que tu y étais
J’ai trouvé vraiment utile de faire ce travail parce que je regrette toujours de ne pas assez retirer des conférences ou des congrès auxquels j’assiste. Habituellement je prends quelques notes papier/crayon, je les range dans une pile de feuilles chez moi ou au travail, et quand j’aurais besoin de retourner voir mes notes pour retrouver une certaine info, ben je ne me souviens plus vraiment où je les ai rangées et en plus c’est des notes très “brouillon”, ce n’est pas rare que je ne me comprenne plus…
C’est vrai que c’est un peu long de faire un résumé version électronique, mais ça permet de garder une trace claire qu’on peut aller retrouver/relire très facilement. Et comme les conférences nous donnent une review de la littérature, ça nous sauve du temps de recherche d’articles.
Je pense que je referai cet exercice de temps en temps avec des conférences que j’ai trouvé particulièrement intéressantes et utiles pour ma pratique. Si certains d’entre vous ont des résumés de conférences à partager, n’hésitez pas!
@/index.php?/profile/544-fr%C3%A9d%C3%A9rique-escudier/” data-ipsHover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/544-fr%C3%A9d%C3%A9rique-escudier/&do=hovercard” data-mentionid=”544″ rel=””>@Frédérique Escudier J’y penserai aussi. Surtout que maintenant j’ai tendance à prendre plus mes notes en format électronique question justement de garder une meilleure trace que mes brouillons qui accumulent de la poussière bien enfouis dans mes classeurs…
Wow, merci Frédérique!
J’avoue que j’ai rarement tendance à remettre la crédibilité de mes clients en doute, surtout avec une histoire de longue date qui se tient avec bulletins et relevés de notes à l’appui. Mais, j’essaierais peut-être dorénavant d’inclure des tests de simulation pour voir ce que ça donne. Mais avec les tests que j’ai, je ne crois pas que mes clients tomberaient dans le panneau. @/index.php?/profile/544-fr%C3%A9d%C3%A9rique-escudier/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/544-fr%C3%A9d%C3%A9rique-escudier/&do=hovercard” data-mentionid=”544″ rel=””>@Frédérique Escudier, est-ce que tu as essayé le b-test? Qu’est-ce que tu en penses?
@/index.php?/profile/38-claudine-boulet/” data-ipsHover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/38-claudine-boulet/&do=hovercard” data-mentionid=”38″ rel=””>@Claudine Boulet. Effectivement, pour moi aussi c’est rare que je remette la crédibilité de mes étudiants en doute. Je pense avoir beaucoup moins de simulateurs que ce qui est dans les statistiques parce tous mes clients passent d’abord par la conseillère d’orientation (formée en troubles d’apprentissages/TDAH) et souvent par une orthopédague avant d’arriver à moi. QQ uns ont eu des suivis avec l’orthopédagogue avant que je les vois et la conseillère d’orientation récupère et me donne une liste de documents pour chaque étudiant : Conners remplit par un des parents (en fait en écrivant ça là, je me dis qu’un simulateur ne verrait pas comme un problème de remplir le Conners à la place de ses parents… c’est rare que je parle de vive voix aux parents), tous les bulletins depuis la première année du primaire jusqu’à l’université, les rapports des évals antérieures. Je demande en plus à l’étudiant des exemples de travaux universitaires qu’il a rendu. Alors peut être que les simulateurs abandonnent leurs démarches en cours de processus avant d’arriver à moi.
Même si ça m’arrive rarement, ça m’est déjà arrivé de douter et je m’étais trouvée un peu démunie.
Ça ne m’est pas arrivée depuis que j’ai découvert le b-test (je travaille juste 1 jour/semaine à l’UQAM), alors je ne l’ai pas encore utilisé, mais je reviendrai donner mes impressions quand je l’utiliserai.
Tu peux regarder l’article de Jasinski, ils avaient uilisé le b-test dans leur batterie
Le bTest n’est pas très sensible, mais il est très spécifique.
Attention toutefois, il perd de sa spécificité dans les cas de “vraie” dyslexie.
Le WMT reste le plus sensible et spécifique, même chez les personnes avec TDAH: TOUTES les personnes qui prétendent avoir des troubles cognitifs qu’elles n’ont pas, et ce quel que soit le trouble, accusent des troubles de mémoire, ou disent faire des oublis. Le test est conçu de telle sorte qu’il donne l’opportunité d’exprimer ce genre de problèmes à différentes étapes du test.
Enfin, je suggère que comme neuropsychologue nous adoptons plutôt le terme TEST DE VALIDATION, plutôt que le terme péjoratif test de simulation.
Et Frédérique, merci pour ce superbe travail!