Accueil – Visiteurs Forums Évaluation Pédiatrie Fonctions intellectuelles sévérité d’une déficience intellectuelle

  • sévérité d’une déficience intellectuelle

    Posted by Tamara Bachelet on 25 novembre 2020 à 19 h 49 min

    Bonjour!

    Je suis amenée à poser une conclusion de déficience intellectuelle chez une enfant de 9 ans et demi, ce à quoi je n’avais pas été confrontée depuis longtemps.

    il s’agit d’une enfant qui présente par ailleurs un TDAH carabiné. qui dépasse l’influence de la DI.

    Si je me fie aux “nouvelles” règles du DSM-5, il faut désormais caractériser la sévérité de la DI non plus sur base du score de QI, mais sur base du fonctionnement adaptatif.

    Or, quand je lis les descripteurs de sévérité dans le DSM-5, j’ai beaucoup de difficulté à situer ma cliente entre les degrés léger-modéré et grave, car je trouve qu’elle pourrait fitter dans chaque catégorie, dépendamment quel domaine est considéré. Suite à mon évaluation, son QI global est de 58 (IC : 54-66 à .05%), et les comportements adaptatifs mesurés avec l’ABAS-II sont extrêmement faibles dans les 3 domaines (conceptuel, social, pratique) et au niveau du score d’adaptation générale. Anciennement, ceci m’aurait amenée à conclure à une Di légère, en me basant sur le QI. Par contre, compte tenu que l’enfant est en grande difficulté d’apprentissage par exemple (elle n’a pas encore un niveau 1ère année), ça pourrait correspondre à une DI moyenne voire grave selon le domaine social. Mais je me dis aussi qu’il y a peut-être un trouble spécifique d’apprentissage concomitant (que je n’ai pu évaluer dans le courant de la présente évaluation). Je serais mal à l’aise de conclure à une DI moyenne ou grave alors qu’en fait il s’agirait peut-être d’une DI légère avec trouble d’apprentissage. Vous me suivez?

    Je trouvais ça pas mal plus simple de caractériser sur base du score de QI en tous cas ;) Tamara Bachelet répondu Il y a 2 années, 10 mois 3 Membres · 3 Réponses

  • 3 Réponses
  • Julie Duval

    Membre
    27 novembre 2020 à 18 h 15 min

    Je ne suis pas une experte en DI, mais au-delà des descriptions offertes au DSM j’aime m’appuyer du score à l’ABAS pour estimer le niveau de déficience (ex. le fonctionnement est-il à un score standard de 68 ou si tu es à 40 en raison d’un effet plancher?) et je pense que le QI reste tout de même un des éléments à prendre en considération dans le jugement clinique. Chose certaine, tu ne peux pas identifier un trouble spécifique des apprentissages puisque la DI est un critère d’exclusion pour ce trouble. Je crois que ton questionnement clinique pourrait être davantage en lien avec le TDAH, à savoir à quel point celui-ci se répercute sur son fonctionnement et son manque d’autonomie quotidien et à quel point sa situation pourrait évoluer si un traitement lui était offert (si ce n’est pas déjà fait).

    En ce qui concerne l’âge mental, personnellement je n’aime pas l’indiquer au rapport compte tenu de la pauvre valeur psychométrique de cet indicateur. Par contre, c’est un élément que je peux donner verbalement aux parents lors de la rencontre bilan, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une estimation très approximative.

  • Sébastien Monette

    Membre
    30 novembre 2020 à 14 h 33 min

    Bonjour Tamara,

    Personnellement, je me fie encore beaucoup au EQGI (ou GAI), malgré cette nouvelle “règle” du DSM-5 pour établir la sévérité de la DI, car ce que je vois dans ma pratique clinique (j’évalue assez régulièrement des enfants avec une DIL), c’est qu’aussitôt qu’un enfant avec une DIL présente également de la comorbidité au niveau santé mentale (je parle ici de troubles qui ont un impact important sur le fonctionnement quotidien: TSA, trouble réactionnel de l’attachement, dysrégulation émotionnelle sévère, etc.), très rapidement le fonctionnement adaptatif à l’ABAS-2 (ou autre questionnaire/entrevue de comportement adaptatif) va “descendre” au niveau de la DIM, (en raison des troubles comorbides, qui effectivement affectent le niveau d’autonomie de l’enfant), alors que cet enfant n’a clairement pas de DIM, quand on analyse l’ensemble du portrait clinique. Je trouve cette règle totalement absurde et je vois déjà qu’elle mène à des Dx erronés entre DIL et DIM (et de gros problèmes subséquents au plan du choix du type de classe, du type d’hébergement lorsque l’enfant est hébergé, etc.). 

    Les cas de DIM sont nettement plus lourds que les cas de DIL et il sont habituellement diagnostiqué à l’âge préscolaire, c’est assez rare qu’on passe à coté de ça (quoique dernièrement j’ai évalué une enfant de 11 ans et demi qui avait déjà été vu deux fois en psychologie/neuropsychologie et les psy/neuropsy ne calculaient pas le EGQI en raison d’hétérogénéité entre les sous-tests (et avaient pourtant des ABAS-2 au niveau de la DIM) et pourtant cette enfant a très clairement une DIM dans mon évaluation (en plus d’un trouble développemental du langage incroyablement sévère, j’en convient), tant au WPSSI-4 qu’au WISC-5, qu’aux ABAS-2…. elle n’a pas les acquis de la maternelle pour te donner une idée… Je trouve que certains cliniciens utilisent très mal le concept d’hétérogénéité des sous-tests et passent à côté de cas d’enfants avec une DIL, c’est assez malheureux et ça commence à faire une bonne quantité que je vois, ce qui m’inquiète…)

    Je n’utilise pas l’âge mental en général dans mes rapports, sauf par exemple si j’utilise le WPPSI-4 avec un enfant plus vieux que 7 ans et demi (car pas de normes avec des enfants de 7 ans et demi et plus, mais on peut utiliser l’âge mental par sous-test pour obtenir une métrique), pour les enfants qui  semblent plus dans la DIM et qui échouent les premiers items de la plupart des sous-test du WISC-5 (effet de plancher). Je peux par contre utiliser le concept d’âge mental durant le bilan, pour aider les parents à comprendre, si nécessaire. 

  • Tamara Bachelet

    Membre
    1 décembre 2020 à 13 h 15 min

    Un gros merci à vous deux pour les éclaircissements ! C,est très apprécié! Tu as bien raison Julie avec le trouble spécifique d’apprentissage, je n’y ai pas pensé en écrivant le post mais effectivement, ce n’est pas une option vu la présence de la DI… et c’est de fait plus l’impact du TDAH (ainsi que d’un trouble de langage également présent) qui vient brouiller les cartes dans l’actualisation du potentiel et dans l’autonomie. 

    Merci encore!