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Étiquetté : SEP
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Posted by Julie Brosseau on 11 avril 2014 à 12 h 16 min
Bonjour,
j’ai évalué un patient avec SEP, dans la quarantaine (ma dernière évaluation SEP remonte à environ 1995). Évaluation neuropsychologique essentiellement normale sauf pour des erreurs de type attentionnel. Pt sous narcotiques (douleurs au dos suite à un accident de voiture sans TCC ni perte de conscience). Le pt présente également une anxiété de performance (somme toute légère). Ma question est la suivante : si les problèmes attentionnels sont en lien avec la SEP, le patient ne devrait-il pas aussi être ralenti ? Le fait qu’il ne soit pas ralenti me permet-il d’exclure la SEP comme étiologie sous-jacente aux problèmes attentionnels ?
Merci.
Julie Brosseau répondu Il y a 9 années, 7 mois 2 Membres · 8 Réponses -
8 Réponses
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Bonjour Julie,
tu connais peut-être mon intérêt particulier pour cette problématique ?
En tout cas, à mon avis chez un patient atteint de SEP il faut presque toujours considérer que cette pathologie joue sur la cognition. Les études démontrent une proportion moyenne de 45-65% des patients SEP qui présenteraient des troubles cognitifs. Bien sûr, dans ces cas là on parle de TROUBLES ie. atteintes significatives, souvent dans plus qu’une sphère… Mais selon plusieurs experts, une très grande proportion de patients SEP présenteraient au moins un léger affaiblissement cognitif (qui ne se qualifie pas nécessairement de ‘trouble’), et ce dès le début de la maladie. La proportion de troubles cognitifs dès le SCI est même souvent impressionnante.
2e volet à ma réponse, les patients SEP ne sont pas systématiquement ralentis. Parfois, le ralentissement s’installe plutôt quand la fatigue embarque (fin de rencontre, fin de journée…). Donc, le fait qu’il n’y ait pas de ralentissement chez ton patient ne me ferait pas exclure la contribution de la SEP.
Un élément à considérer pour distinguer le rôle de la SEP est la concordance entre les poussées et les plaintes, en tenant compte du fait que la capacité de remyélinisation post-poussée s’épuise au fil du temps. Aussi, y’a une corrélation (légère) entre la charge lésionnelle et l’ampleur des troubles cognitifs, ainsi qu’une corrélation modérée entre l’atrophie et les troubles cognitifs. Des indices utiles pour aider à distinguer qu’est-ce qui cause quoi ; )
J’espère que ça te sera utile…
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Merci beaucoup Geneviève pour ces informations. Elles me seront très utiles pour la rédaction de mon rapport.
Qu’est-ce que le SCI ? C’est un acronyme que je ne connais pas.
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Syndrome clinique isolé.
Le diagnostic de SEP se pose quand on documente une dissémination dans le temps et dans l’espace. Donc, pour parler de SEP, il faut montrer que la pathologie évolue. Quand on n’en est qu’aux premiers signes, et qu’on n’est pas encore certains qu’il y a une évolution, ça s’appelle le Syndrome clinique isolé.
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Aucun problème ! c’est un sujet qui me passionne tellement !! c’est quand tu veux ; )
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Est-ce que tu travailles spécifiquement auprès de cette clientèle ?
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Plus ou moins. Je travaille en neurologie dans un hôpital affilié à une Clinique de SEP. Je vois donc de la clientèle neuro adulte, incluant la SEP.
J’ai développé un intérêt particulier pour cette problématique au fil des années. J’ai donné plusieurs conférences sur le sujet (aux patients, à des intervenants, des médecins…), notamment en collaboration avec la Société canadienne de SP. J’ai aussi écrit des articles dans divers contextes, comme le journal de l’Ordre. Je donne aussi des cours à l’Université là-dessus. Et j’ai fait la page ‘grand public’ de l’AQNP sur le sujet !
C’est un sujet passionnant, qui évolue très vite ! En plus des troubles cognitifs, les comorbidités psychiatriques sont très fréquentes. Par exemple, c’est presque 1 patient sur 2 qui souffrira un jour de dépression majeure. Tous les aspects de la maladie s’inter-influencent : p.ex. les douleurs nuisent au sommeil ce qui affecte le niveau d’énergie et qui vient éventuellement nuire à l’humeur ce qui influence aussi le sommeil… Ces dernières années, on commence même à avoir des données sur le fait que la condition psychologique influencerait l’évolution de la maladie comme tel. Ça vient renforcer le rôle du psy et du neuropsy auprès de cette clientèle ! Pour en apprendre plus, le meilleur livre paru récemment d’après moi est le suivant: http://www.springer.com/medicine/neurology/book/978-88-470-2675-9. Bonne lecture !