• Présentation atypique DFT?

    Posted by Caroline Larocque on 17 janvier 2017 à 12 h 52 min

    Bonjour,

     

    Je suis curieuse de savoir si vous avez déjà rencontré une telle présentation de problèmes cognitifs. C’est une dame de 74 ans qui présente depuis 6 à 9 mois des changements. Cela aurait commencé par des échanges de courriels étranges avec sa fille. Par exemple, elle lui parlait de son hospitalisation alors que la fille n’avait pas été hospitalisée. C’est comme si madame avait de faux souvenirs. Ensuite, elle croyait parfois que des membres de la famille était mort alors que ce n’était pas le cas. Lorsqu’on lui en parle, qu’on lui dit que ce n’est pas vrai, elle ne se fâche pas. Elle a une multitutde d’histoires comme ça qui sont créées et il y a en toujours des nouvelles qui surviennent. Lors de funérailles récentes, madame aurait annoncé à toute la famille proche et éloignée que sa fille était enceinte d’un troisième enfant, ce qui est faux. À son arrivée, la fille a reçu des félicitations de tous et elle a dû corriger le tir…Elle a commencé à croire qu’un ami célibataire de son mari, qu’ils connaissent depuis de nombreuses années, est devenu amoureux d’elle et veut lui offrir des cadeaux comme des bijoux, une voiture. Elle croyait qu’il voulait lui offrir une montre de 4000$, mais qu’il lui avait demandé de contribuer pour la moitié alors elle a sorti 2000$ de son compte et elle a demandé à son conjoint de se rendre au centre d’achat afin d’attendre en face de la boutique que l’ami vienne faire l’achat…J’ai parlé à la fille hier et elle m’a raconté la nouvelle histoire. Madame lui aurait demandé d’apporter du “petit linge” car elle dit être enceinte…

    Sur le plan cognitif, on rapporte une réduction importante du langage et un manque du mot. Elle serait également plus apathique, mais elle continue tout de même à faire ses tâches. Elle serait moins organisée et aurait plus de difficulté à planifier.

    Elle n’a pas d’antécédent psychiatrique personnel. Sa mère aurait développé une schizophrénie tardive vers l’âge de 40 ans suite au décès de son bébé.

    Selon la psychiatre, le trouble délirant semble s’inscrire en prodrome des troubles neurocognitifs. 

    À mon évaluation, madame présente une sémiologie frontale significative, des diffi. modérées en dénomination sous confrontation, un manque du mot et une réduction du discours, des diff. lég. à modérées en récupération (+ fusion des histoires en rappel différé), une apraxie visuo-constructive sign. mais légère, des atteintes aux praxies idéomotrices pour les gestes abstraits et les gestes symboliques et une autocritique partielle.

    Avez-vous déjà rencontré une présentation semblable?

     

    Caroline Larocque répondu Il y a 6 années, 7 mois 6 Membres · 22 Réponses
  • 22 Réponses
  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    17 janvier 2017 à 12 h 58 min

    Rien au niveau de la mémoire à l’évaluation formelle, mise à part les difficultés de récupération? Est-ce une dame de haut niveau? Une imagerie cérébrale?

  • Caroline Larocque

    Membre
    17 janvier 2017 à 13 h 30 min

    Madame a une 12e année et elle a travaillé comme caissière dans une banque. Au Scan cérébral récent, on retrouve une perte de volume un peu marquée compte tenu de l’âge, avec une ancienne lacune au bras antérieur de la capsule interne gauche. Je vous dévoile tout de suite le résultat au TEP?

  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    17 janvier 2017 à 14 h 05 min

    Elle a eu un TEP aussi?

  • Caroline Larocque

    Membre
    17 janvier 2017 à 14 h 10 min

    Oui, elle a eu un TEP

  • Valérie Drolet

    Membre
    17 janvier 2017 à 15 h 48 min

    J’ai eu un cas similaire. Je vais essayer de retrouver le nom de la patiente…(m’en souviens plus).

     

    P.S. Oui donne nous le PET, on ne va pas travailler dans le vide! ;)

    Caroline Larocque

    Membre
    17 janvier 2017 à 16 h 27 min

    La raison pour laquelle je ne voulais pas écrire le résultat au TEP c’est que le résultat est un diagnostic donc ça influence tout de suite notre analyse. Alors si vous voulez voir le résultat, cliquez ici

  • Valérie Drolet

    Membre
    17 janvier 2017 à 18 h 04 min

    Je m’écarte du sujet pour ouvrir une parenthèse: j’ai BEAUCOUP de misère avec un résultat d’imagerie qui est un diagnostic. Que l’examen permettte de soulever certaines hypothèses ok, mais pour moi, ça reste un examen parmi tant d’autres et la présentation clinique sera toujours autant sinon plus importante que le résultat de l’examen d’imagerie. 

     

    Aussi, le dx me questionne. Les DTF-c que j’ai vu n’avaient pas d’éléments délirants/(confabulations?) à ce point… 

  • Caroline Larocque

    Membre
    17 janvier 2017 à 18 h 27 min

    Je suis d’accord avec toi concernant les conclusions en TEP. Nous avons eu quelques usagers qui ont eu ce genre de tests dans les dernières semaines et c’était toujours le même genre de conclusion. J’ai parlé avec un des radiologistes en question. Je lui ai demandé quel était le niveau de certitude dans leur conclusion. Il m’a dit qu’il y a toujours un niveau d’incertitude, sans me dire à quel point, et qu’ils apprécient beaucoup quand les médecins ajoutent des informations cliniques à leur requête car cela leur permet d’être plus précis. J’ai vu une autre conclusion où le radiologiste demandait de corréler avec les résultats en neuropsychologie, ce que j’ai grandement apprécié. 

     

    Moi aussi le diagnotic me questionne. J’aurais pensé peut-être à un prodrome de maladie à corps de Lewy possible, car il n’y a pas de fluctuation et aucun symptôme parkinsonien jusqu’à maintenant. D’autres idées?

  • Valérie Drolet

    Membre
    17 janvier 2017 à 20 h 05 min

    Une démence vasculaire? Une schizophrénie à début tardif? 

  • Caroline Larocque

    Membre
    17 janvier 2017 à 20 h 10 min

    Comme je l’ai écrit plus haut, pour la psychiatre, ce n’est pas un début de schizophrénie tardive, ça s’inscrit plutôt dans un prodrome de troubles neurocognitifs. Au point de vue de sa santé, madame a seulement de l’hypothyroïdie et de l’ostéoporose. Elle a une légère autocritique envers ses problèmes cognitifs et certaines “impressions de souvenirs”, mais pas pour toutes. 

  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    18 janvier 2017 à 14 h 35 min

     Si c’est une DFT, je trouve aussi étonnant ces confabulations… J’ai trouvé cet article sur la description des confabulations, que j’ai trouvé intéressant. http://www.bu.edu/mdrc/files/2012/04/2010_Gilboa_JINS.pdf

     

    Par ailleurs, est-ce que les changements sont apparus assez soudainement? Facteurs de risque vasculaires? Comme Valérie, ce serait une de mes hypothèses…

     

    Et le bilan sanguin, ça dit quoi? Déficit vitaminique quelconque?

     

    Hallucinations?

  • Valérie Drolet

    Membre
    18 janvier 2017 à 15 h 12 min

    @/index.php?/profile/208-carolinelarocque/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/208-carolinelarocque/&do=hovercard” data-mentionid=”208″ rel=””>@caroline.larocque 

    pour la psychiatre, ce n’est pas un début de schizophrénie tardive, ça s’inscrit plutôt dans un prodrome de troubles neurocognitifs.

     

     

    C’est bien possible, mais qu’est-ce qui lui fait croire cela? Est-ce qu’il y a eu une tentative de neuroleptiques chez cette patiente? Si oui elle y réagit comment? 

  • Caroline Larocque

    Membre
    18 janvier 2017 à 16 h 20 min

    Elle prend du Risperdal et pour l’instant peu d’effet. On croit qu’elle a des hallucinations auditives car elle entend des voix familières chez elle, mais ce n’est pas la majeure. Tel qu’écrit plus haut, aucun facteur de risque vasculaire chez cette dame. Les problèmes semblent être apparus progressivement.

    Pourquoi cela vous donne l’impression que c’est vasculaire? 

  • Caroline Larocque

    Membre
    18 janvier 2017 à 16 h 33 min
  • Claudine Boulet

    Membre
    18 janvier 2017 à 18 h 26 min

    Je n’ai jamais rencontré de patients présentant de telles confabulations. Je vais donc aussi lire l’article de @Jacinthe Lacombe avec intérêt. Cela dit, j’ai souvent observé des symptômes psychotiques chez des patients vasculaires, c’est pourquoi, pour moi aussi, c’est une hypothèse qui m’est venue en lisant ta description.

     

    Cela dit, les symptômes psychotiques que j’ai vu chez des patients vasculaires se manifestent le plus souvent par des idées délirantes sur un thème donné et qui persistent dans le temps. Dans le cas de ta patiente, je suis fascinée par l’originalité de ses multiples idées délirantes…

     

    Par ailleurs, il semble y avoir plusieurs articles concernant les symptômes psychotiques dans la DFT, dont celui-ci, et celui-ci. Il y a même un article sur le “délire d’être enceinte” mais qui n’a répertorié que des histoires de cas.

     

    Bref, j’aurais tendance à croire que la DFT est plus probable vu qu’elle n’a aucun facteur de risque vasculaire… mais je serais curieuse de voir l’évolution! 

  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    18 janvier 2017 à 18 h 37 min

    Elle n’a aucun facteur de risque vasculaires, mais tout de même une ancienne lacune au bras antérieur de la capsule interne gauche… Je crois qu’une IRM pourrait être pertinente dans ce contexte.

  • Caroline Larocque

    Membre
    18 janvier 2017 à 19 h 24 min
  • Caroline Larocque

    Membre
    19 janvier 2017 à 14 h 44 min

    Pour préciser la position de la psychiatre, voici ce qu’elle écrit dans son rapport:

    “Le trouble délirant tardif semble s’inscrire en prodrome des troubles neurocognitifs dégénératifs en installation (…). Cependant, le caractère délirant plutôt diffus nous apparaît relié à des difficultés interprétatives telles qu’on les voit en présence d’une mauvaise compréhension cognitive de l’environnement. Une schizophrénie tardive nous apparaît moins probable étant donné le type de délire et l’absence de désorganisation et de méfiance généralement associées.”

  • Valérie Drolet

    Membre
    19 janvier 2017 à 17 h 00 min

    Merci pour les articles Claudine et Jacinthe! :)

    Simon Charbonneau

    Membre
    27 janvier 2017 à 22 h 01 min

    Pas toujours évident de distinguer délire vs confabulation lorsque le patient a des troubles cognitifs, surtout s’il y a le combo “bonne atteinte mnésique et bonne frontalité” qui est habituellement présent pour que des confabulations soient produites… mais ça ne vaccine certainement pas contre un délire !

     

    Delusions and confabulations have similarities and differences. A delusion is a fixed belief that is false but firmly held despite all evidence to the contrary. In contrast, typical provoked confabulations are memory-related misstatements retrieved out of temporal context. Confabulations usually occur in amnestic disorders such as Wernicke-Korsakoff’s syndrome and focal frontal or limbic lesions or encephalitides. Both delusions and confabulations are associated with frontal-executive deficits and deficiencies in self-monitoring. The main differences between delusions and confabulations are that the former involve belief-formation, are systematic or pervasive, and more fixed, whereas the latter involve memory retrieval deficits, are isolated or fleeting, and more variable. Some patients, however, may have spontaneous confabulations that are implausible and indistinguishable from delusions, suggesting an overlap between the two and a possible common pathophysiology.

    J’ai pas le réflexe de penser immédiatement DFT quand je rencontre qqn qui a délire ou confabulation, mais selon ce même article, en référant au délire: “Although they are infrequent, they may occur in up to 14% of patients with bvFTD, particularly if they belong to specific subgroups”

     

     

    Autre article d’intérêt: 

    “Fantastic Thinking” in Pathologically Proven Pick Disease

     

     

    … et ils parlent ici de la Confabulation Battery (10 questions semble-t-il). Je ne connais pas. Et vous ?

    (et p.s. ils mentionnent au passage Both patients’ groups confabulated across the three tasks of the Confabulation Battery, but FTD patients confabulated significantly more than AD patients on Episodic Memory and Personal Future.)

     

    Bref, même si on ne s’adonne pas tjrs à les observer, c’est pas si rare ni des délires ni surtout des confabulations chez les DFT…

  • Valérie Bédirian

    Membre
    24 février 2017 à 3 h 48 min

    J’ai eu une patiente qui ressemblait beaucoup à ça! Dame de 79 ans, 12 ans de scolarité, a occupé différents postes de gestion dans une banque. 

     

    À chacune de mes rencontre, l’anamnèse était différente (diamétralement différente), je n’ai jamais vu autant de faux souvenirs autobiographiques. Puis, elle racontait aussi des anecdotes fausses plus récentes: mon beau-frère m’a amené mangé au St-Hubert cette semaine (pas vrai, pas de beau-frère dans l’entourage proche), mon beau-père (?!) gère mes finances, ma mère (?!) est venue chez moi et on s’est chicané. N’importe quoi. Et la semaine suivante, quand je la confrontais aux différents éléments autobiographiques (aux contradictions), elle était convaincue de ne pas m’avoir dit la première version. Bref, impressionnant! 

     

    Profil cognitif en très bonne partie compatible avec une DTA (altération des connaissances autobio (noms de la fratrie, etc), erreurs typique visuelles et sémantiques au BNT et ailleurs, dyslexie de surface, erreur conceptuelle à l’horloge, encodage, consolidation ET surtout récupération atteinte), avec des tests exécutifs/jugement légèrement atteints, mais avec une atteinte plus présente au plan des comportements : passivité, négligence de sa personne et de toutes démarches, désorganisation totale, GRANDE perte d’autonomie, suffisante pour être en RI, AUCUNE auto-critique, ne comprend pas trop pourquoi elle est à la RI, croit que c’est temporaire, bref, plus que ce que je m’attends chez une dame à ce stade de DTA avec ce profil cognitif (une genre de frontalité difficile à objectiver aux tests comme dans une DFT). Bref, DTA atypique… j’ai proposé variante frontale? Puis, le gériatre a confirmé, mais bon… Mystérieux quand même!

     

    Pour ce qui est de la schizophrénie tardive, je ne trouve pas le tableau compatible, ils ne présentent pas typiquement ce genre de fabulations, ils ont des pensées “bizarres”, puis le profil cognitif n’en est pas typique.

  • Caroline Larocque

    Membre
    24 février 2017 à 12 h 35 min

    @/index.php?/profile/254-valeriebedirian/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/254-valeriebedirian/&do=hovercard” data-mentionid=”254″ rel=””>@valerie.bedirian Pour ta patiente, je serais arrivée à la même conclusion que toi. La grande différence avec ma patiente c’est qu’elle n’a pas de problème d’encodage et de consolidation, seulement des problèmes de récupération. Donc, l’hypothèse de la DFT est plus probable.