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Étiquetté : BNT, Boston Naming, Dénomination
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Le Boston Naming varlopé
Posted by Simon Lemay on 11 mars 2014 à 2 h 14 minVoici un article paru récemment qui écorche sérieusement un de mes tests préférés.
http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13854046.2014.892155
On s’en reparle après une lecture de l’article au complet…
Simon Charbonneau répondu Il y a 8 années, 3 mois 6 Membres · 16 Réponses -
16 Réponses
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Varlopé!?! Première fois que j’entends ça
Je pensais justement à vous autres lorsque j’ai utilisé volontairement cette expression du terroir québécois…
La dernière fois que j’ai utilisé le Boston, je crois que j’étais en stage…Je n’ai jamais utilisé les normes de ce test, car je ne voulais pas me retrouver avec des faux positifs Pourquoi n’utilisez-vous pas la DO-80 en gériatrie? Ce n’est pas le test le plus sensible, mais quand il y a des difficultés, je suis plus certaine que ce sont de vrais difficultés. Il est possible d’observer des erreurs perceptivo-visuelles et la catégorie des animaux est bien représentée (22 items), ce qui nous laisse parfois la possibilité d’observer une perte sémantique dans cette catégorie.
Le DO-80 peut certainement compter sur son lot de fidèles utilisateurs. En bout de ligne, c’est probablement davantage une question de préférence personnelle basée sur l’expérience avec l’outil.
Je l’ai utilisé à 5-6 reprises et je dois dire que je n’ai jamais eu la piqure pour le Do-80 bien que je l’ai au travail.
Je suis totalement biaisé, mais je trouve que:
1) le DO-80 est trop long (80 images!) pour son niveau de sensibilité vs le BNT à 30 images que l’on peut interpréter avec des normes québécoises
2) les stimuli sont de qualité pour le moins douteuse pour plusieurs images (ce qui doit diminuer sa sensibilité)
3) en raison de la plus grande taille des images, le BNT m’apparaît mieux adapté en cas de limitation de l’acuité visuelle et possiblement plus sensible pour générer un morcellement perceptif
4) Le DO-80 générait moins de possibilités d’erreurs perceptivo-visuelles.
Ceci étant dit, je partage ton commentaire sur la possibilité de faux-positifs au BNT surtout chez les individus moins scolarisés.
Qq1 parmi vous a déjà utilisé la dénomination du NAB?
Je fais peu d’évaluation en gériatrie et j’utilise ainsi peu d’outils de dénomination. J’ai utilisé par contre l’épreuve de dénomination de la NAB à quelques reprises. Les stimuli sont intéressants (en couleur, d’allure récente, assez gros) et les normes permettent de considérer âge et niveau de scolarité (mais avec un échantillon américain). Je ne suis pas sûr que ce soit très sensible par contre, mais c’est peut-être je fais rarement face à des troubles à ce niveau. Un article intéressant qui compare le BNT avec la NAB: ici.
Voici en quelques lignes le propos de l’article en question.
BNT
Il s’agit du test de dénomination le plus utilisé par les neuropsy cliniciens.
On souligne la bonne fidélité test-retest de l’instrument (r=.91 et .92 à 2 semaines et 11 mois respectivement) et la validité de l’outil auprès de plusieurs populations cliniques notamment en démence.
Les critiques
La distribution dans les normes
On rapporte une distribution anormale des résultats avec un effet plafond et une asymétrie négative. Le test demeure adéquat pour mettre en évidence un déficit en dénomination, mais cette caractéristique de distribution le rend moins utile pour les difficultés plus subtiles et pour détecter des changements graduels.
Hamby et al (1997) Sujets avec VIH. En raison de la mauvaise distribution (n=117), il n’est pas approprié d’utiliser des scores Z et il y a un risque élevé sur surdiagnostiquer (overpathologizing) les cas légèrement sous la moyenne. Priviléger l’utilisation de scores Z directement dérivés des scores bruts (non pas dérivés à partir des scores z), ce qui n’est pas le cas de plusieurs normes. Voir cette référence pour des normes plus appropriées: Tombaugh, T., & Hubley, A. (1997). The 60 item Boston Naming Test: Norms for cognitively intact adults aged 25 to 88 years. Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology,19, 922–932.
Les stimuli
On relève aussi des problèmes avec les stimuli (Pedraze et al. 2011)
- L’ordre de présentation n’est pas toujours en fonction d’une difficulté croissante (on le savait en français, mais il semble que c’est le cas aussi en anglais)
- Items redondants
- Faible discrimination de certains items
Fidélité inter-juges / consignes
La fidélité inter-juges n’est pas connue pour le BNT. Il y a une variabilité dans l’administration clinique notamment pour la règle de discontinuation (6 échec consécutifs en réponse spontanée), ce qui peut faire varier l’interprétation ++. Autres facteurs de variabilité: accepter des réponses synonymes, la règle du 20 sec par image. Certains ont critiqué le manque de rigueur dans les consignes d’administration ce qui peut engendrer des différences dans les études normatives.
Facteurs d’influence
La dénomination d’images est affectée par l’âge, scolarité, intelligence, le genre et la culture. Le BNT est corrélé négativement avec l’âge et positivement avec la scolarité, le niveau vocabulaire et l’intelligence. Les hommes ont tendance à avoir des résultats plus élevés (je suis surpris!) de même pour les caucasiens par rapport aux autres origines ethniques. On souligne l’importance d’utiliser les normes les plus appropriés selon la personne évaluée. Dans une étude de sujets normaux (Ross & Lichtenberg 1998) avec une représentation plus grande d’américain d’origine africaine (moins scolarisé et plus de femmes), les résultats étaient plus faibles et hétérogènes à différents groupes d’âge. Ceci pouvait entraîner des différence marqués dans l’interprétation selon les normes utilisées (ex.: 5e percentile vs 50e).
On souhaiterait aussi que les normes considèrent également le niveau de vocabulaire (ex.: résultats au vocabulaire du WAIS). Dans ce contexte, on souligne la difficultés de départager trouble de dénomination vs vocabulaire limité. Actuellement, il n’y a aucune étude normative avec les versions récentes du WAIS. Étude avec le WAIS-R (Killgore et Adams, 1999): l’ajustement pour le vocabulaire n’améliore pas la sensibilité, mais améliore la spécificité (moins de faux positifs). Résultat dans la basse moyenne au vocabulaire prédit résultats sous la moyenne au BNT. Recommandation d’utiliser les deux tests en combinaison surtout qu’il est possible de trouver des difficultés au vocabulaire non détectées au BNT.
Processus cognitifs impliqués en dénomination
Je vous invite à consulter l’article pour y voir une figure qui illustre les différents processus cognitifs impliqués dans la dénomination (tirée de Laine et Martin 2006).
These processes include: visual analysis of the picture; recognition of the visual stimulus as familiar; activation of the semantic representation of the object (i.e., the meaning of an object) via the semantic system; a lexical-semantic process which directs selection and retrieval of semantic information in a task appropriate way; modality-independent lexical access to the phonological word form of the object (i.e., the speech sounds used in the word); and the motor programming and articulation required for saying the word.
Une bonne citation pour l’application de la loi 21:
Therefore, although a lower than expected score on a test may indicate that a naming deficit exists, more detailed neuropsychological assessment is required to provide information about the nature of that deficit.
Troubles sémantiques
L’article aborde les troubles sémantiques reliés à une catégorie spécifique (ex.: objets, animaux). On y relève que le BNT ne représente pas certaines catégories (ex.: insectes, parties du corps, fruits) et l’échantillonnage dans chaque catégorie est inadéquate.
Il y a aussi le niveau sémantique dans une catégorie donnée. Dans la démence sémantique, on identifie des erreur de sous (incapable de comprendre le sens d’un mot si présenté sans le contexte d’une phrase) ou de sur-généralisation (fleur au lieu de rose). Le BNT contient arbre et fleur. Il pourrait être utile d’inclure des items plus précis pour améliorer la détection d’atteintes plus subtiles.
Il n’est pas toujours évident de distinguer atteintes sémantique vs lexicale avec l’analyse du type d’erreurs et les effets des indices au BNT. Ex.: Jefferies and Lambon Ralph (2006). Besoin de systématiser la façon de coder les erreurs (trop d’inconsistance) et de fournir des normes avec une procédure d’indiçage améliorée.
Les alternatives?
L’article conclut sur une revue des tests de dénomination et présente des banques d’images connues dont l’une semble plus prometteuse (Hatfiled Image Test).
L’utilisation de stimuli en couleur n’a pas été suffisamment bien étudié chez les divers groupes cliniques. Les contrôles semblent tirer profit de l’ajout de couleur dans les stimuli.
Selon leur revue de la littérature, trois substituts possible au BNT ont été considérés (mais aucun d’entre eux ne corrige totalement les lacunes identifiées dans le BNT):
- Graded naming test (McKenna et Warrington, 1908): 30 items dont certains un peu dépassés et dépendant de la culture britanique. Pas de procédure d’indiçage mais norme en fonction de la lecture/vocabulaire et niveau prémorbide.
- Philadelphia naming test (Roach et al. 1996): but = classer type d’aphasie alors que BNT sert à mettre en évidence des troubles de dénomination. Cet outil possède un système de cotation plus élaboré qui permet de mieux classifier le type d’erreur.
- Test de dénomination du NAB. (White et Stern, 2003). 2 formes parallèles. Excellentes normes (n=1448). Meilleure standardisation des consignes d’administration (training dvd). Photo couleur et plus rapide à administrer que le BNT (max de 5 sec par image). Pour le reste, les mêmes critiques que le BNT s’appliquent (distribution, procédure d’indiçage, types de catégories, etc.)
Donc: pas de substitut valable actuellement. La dénomination du NAB est intéressante notamment pour les normes. (commentaire personnel: est-ce aussi utile que le BNT pour les erreurs perceptivo-visuelles?)
Bref un article fort intéressant dont je vous recommande la lecture!
@/index.php?/profile/543-simon-lemay/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/543-simon-lemay/&do=hovercard” data-mentionid=”543″ rel=””>@Simon Lemay Disons que tu nous en as fait un très bon résumé. Merci!
Je doute qu’un test dont les images sont en couleur puisse occasionner autant d’erreurs perceptivo-visuelles.
@/index.php?/profile/543-simon-lemay/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/543-simon-lemay/&do=hovercard” data-mentionid=”543″ rel=””>@Simon Lemay En passant, concernant ton doute sur la Do-80 à entraîner des erreurs perceptivo-visuelles, juste cette semaine, j’ai eu une dame qui présente un profil cognitif atypique, qui est bien fonctionnelle, mais qui a eu 7 erreurs perceptivo-visuelles. Pour les gens de plus de 80 ans, je tolère environ deux erreurs.
Moi, j’ai adopté le test de dénomination de Bellefleur. Il y a 2 versions – j’utilise la 2e pcq il y avait un ‘outlier’ dans les normes pour la 1ere version.
Les normes sont québécoises (quoique petits échantillons), c’est plus court que le BNT, pas d’images aberrantes (genre le noeud de pendu…), et plutôt bien gradué.
@/index.php?/profile/144-genevieveprimeau/” data-ipsHover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/144-genevieveprimeau/&do=hovercard” data-mentionid=”144″ rel=””>@genevieve.primeau Je n’ai qu’une version de ce test. Je trouve que le soufflet est un peu précoce dans l’ordre de présentation: je l’aurais mis en dernier. Est-il aussi sensible que le BNT aux erreurs visuo-perceptuelles? Il m’apparaît aussi un peu plus simple que le BNT, mais je ne l’ai jamais administré… j’irai relire l’article. Merci du rappel!
@simon.lemay Je suis bien d’accord, le soufflet arrive un peu tôt. Je trouve que la variété des items difficiles permet une bonne sensibilité, en particulier : soufflet, rouet, treillis
Et oui : je le trouve sensible aux erreurs perceptuelles, en particulier : bague, puits et moulin
Pour les normes du Boston naming abrégé 30 items, est-ce que vous prenez celles écrites dans le tableau de normes québécoises de Frédérique Escudier? Comment vous définissez “bonnes réponses totales” et “bonnes réponses spontanées” afin que je sois sûre de bien comprendre. Merci!
Ces normes viennent des thèses de moi + Valérie Bédirian.
Bonnes réponses spontanées au BNT = les BR données sans aucun indice
Bonnes réponses totales = toutes les BR générées au final, après que tous les indices appropriés aient été fournis.
Attention: dans le % de mdm, “mots connus” implique qu’il faut vérifier systématiquement si le patient connaissait bel et bien le mot-cible, et ensuite ne pas tenir compte des mots non connus dans ce calcul pcq bien sûr le problème n’en est pas un d’accès si le mot n’est pas dans le lexique.
Évidemment, dans ce type de tests, il y a un effet plafond ++ chez les normaux, alors n’utilisez pas directement les scores Z sans tout réinterpréter cliniquement. Mais bon, ça donne quand même une idée.
De mémoire, il n’y avait que 9 erreurs perceptivo-visuelles qui ont été commises par les 95 normaux x 30 items (donc sur +ou- 3000 réponses), et dans 5/9 cas, c’était “tente” pour “pyramide”.
En passant je ne savais pas que pour le BNT-2, il y a des choix multiples (j’ai un vieux BNT-1 j’imagine).
Extrait de Spreen & Strauss:
“Multiple-Choice Form
After the test is completed, the examiner returns to each item not correctly named after a phonemic cue and presents the card with that item and four printed choices. The examiner reads each word and asks the patient to indicate the correct choice.”Qqn l’a et l’utilise? Je suis curieux.C’est la version que j’ai à HPB. Je n’ai jamais utilisé les choix forcés que je n’ai d’ailleurs pas traduits. Je pourrais te le montrer si ça t’intéresse. Les choix de réponses sont au verso de la carte. Comme je suis un peu lâche pour présenter les stimuli verticalement, je place le livre à plat et le patient aperçoit l’image précédente avec les choix dans la carte du haut. Je sais que je ne suis pas supposé le présenter ainsi, mais ça me permet de voir les gens qui sont plus vulnérables sur le plan de l’attention.
Ouais je serais curieux de voir comment ils ont bâti les choix multiples, merci Simon L.