Bonjour ,
Je ne suis pas une experte dans le domaine, mais j’ai beaucoup approfondi le sujet dans les derniers mois puisque je me suis impliquée avec une collègue psychologue spécialisée en oncologie dans l’élaboration et la présentation d’une conférence sur le sujet des troubles cognitifs dans le cancer, conférence destinée à tous les médecins et professionnels de notre hôpital impliqués auprès de cette clientèle. Ça m’a permis d’apprendre une tonne de choses très intéressantes. Tout d’abord, j’ai appris que quelques études récentes montrent que les patients sous chimio présente des anomalies cérébrales non seulement au niveau du métabolisme mais également au niveau des structures (!). On parle notamment d’atrophie hippocampique et d’anomalies au niveau des régions frontales et temporales. Par contre, il faut faire très attention pcq il y a de nombreux facteurs confondants : l’effet du cancer lui-même (p.ex. cytokines pro-inflammatoires), la réaction psychologique au cancer, les effets hormonaux lorsque qu’applicables (cancer du sein/prostate/…, hormonothérapie), les effets de l’anesthésie lorsqu’applicables (si chirurgie) et les effets indirects (douleurs qui perturbent le sommeil, nausées qui nuisent à l’appétit et qui amènent des carences vitaminiques…). Donc le terme ‘chemobrain’ serait désormais à éviter, puisque ce n’est pas seulement la chimio qui est impliquée (en français, on suggère notamment brouillard cérébral). L’effet de la chimio dépend aussi du type de Tx, des doses, du nombre de cycles… Le profil n’est pas spécifique, en gros : troubles attentionnels exécutifs, qui se répercutent particulièrement sur la sphère mnésique. Quant au pronostic, les données ne sont pas claires. On parle de réversibilité la plupart du temps, qui s’effectuerait sur quelques mois, mais à nuancer en fonction de l’état du cerveau au préalable. Quant aux mécanismes impliqués pour expliquer l’effet de la chimio comme telle, il y en a une douzaine à l’étude, qui s’influencent entre eux : vulnérabilité génétique (ApoE4, COMT, BDNF…), cytokines pro-inflammatoires, atteinte de la microvascularisation, sensibilité accrue des cellules souches cérébrales (qui sont principalement sollicitées par le temporal médian, incluant l’hippocampe), perméabilité + ou moins prononcée de la barrière hémato-encéphalique, désordre de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénal…
Voici les références que j’ai trouvées les plus pertinentes. L’article mentionné par Vincent est paru tout récemment et je ne l’ai pas encore lu mais je le ferai certainement, merci Vincent !
Bonne lecture !
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=chemobrain+simo
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18415683
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23219452
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23239468