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Évaluer dans quelle langue?
Posted by Karen Debas on 19 novembre 2013 à 18 h 47 minBonjour,
Je me demandais si vous aviez tendance à toujours évaluer un client dans sa langue maternelle, avec laquelle il est le plus à l’aise (ex: anglais), même si son cheminement scolaire a été fait entièrement dans l’autre langue (ex: français)?
Que faire chez un jeune adulte lorsque vous testez spécifiquement les habiletés de langage (réceptif, expressif) et d’écriture; serait-ce mieux de le faire en français afin de comparer aux normes scolaires disponibles? Si oui, pensez-vous quand même avoir une idée du plein potentiel du client?
Merci pour vos suggestions/commentaires!
Véronique Labelle répondu Il y a 9 années, 3 mois 3 Membres · 3 Réponses -
3 Réponses
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Salut Karen,
Pour l’évaluation du français écrit, on teste généralement dans la langue de scolarisation.
Le choix de la langue pour l’évaluation du langage réceptif/expressif oral dépend en fait du but de l’évaluation. Si la question est de savoir le potentiel de la personne en langage oral, je prendrais la langue dominante et je nuancerais les résultats. Je prendrais la langue de scolarisation si la question est de déterminer le choix de la langue de scolarisation future, pour voir si elle est suffisamment fonctionnelle pour ses études.
Pour déterminer la langue dominante je questionne sur la langue maternelle, mais aussi la langue parlée avec les amis, avec la famille, au travail, je lui demande dans quelle langue il est le plus à l’aise, etc. Ça dépend de l’âge aussi, il faut voir combien d’années la personne a parlé dans quelle langue et dans quel contexte. Avoir ces données permet d’analyser les résultats à la lumière de ces informations et de nuancer nos conclusions.
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Anonyme
Invité20 novembre 2013 à 23 h 47 minPersonnellement, je fais du cas par cas. Ça dépend aussi du motif de consultation.
Pour le langage oral, je documente toujours les habiletés dans la langue dominante de la personne. Selon les besoins, je vais investiguer aussi la 2e langue, mias plus dans une perspective d’orientation et de recommandations (ex.: illustrer l’ampleur des difficultés de compréhension considérant la langue utilisée dans le milieu, recommander scolarisation anglo versus franco, etc.)
J’évalue habituellement les habiletés scolaires (lecture/orthographe) dans la langue de scolarisation, mais j’interprète avec modération si la personne est plus à l’aise dans une autre langue. Idéalement, je fais un petit comparatif entre les habiletés dans chacune des deux langues.
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Bonjour!
Je vais surfer un peu sur le questionnement lancé par Karen en lien avec la langue d’évaluation dans les cas d’enfants/ d’adultes bilingues. Je me questionne également quant à la méthode d’enseignement et de notation des cours d’anglais au primaire et secondaire ! Vous comprendrez plus bas 🙂
J’ai vu un jeune adulte qui consulte pour des difficultés importantes en français au CEGEP (technique). En le questionnant, il rapporte aussi des difficultés en maths antérieurement (surtout les résolutions de problème, mais aussi dans l’apprentissage des tables)
Il s’agit d’un enfant de la réforme, alors les bulletins ne sont pas toujours très éloquents (!), mais en général, l’on s’entend pour dire que les difficultés étaient présentes au primaire et secondaire (lecture, compréhension de lecture et également écriture + maths).
Suivi en orthopédagogie au moins en 2e année du primaire et plan d’intervention mis en place à l’école (les documents ne sont malheureusement plus disponibles et les parents ne se souviennent plus des suivis ni des conclusions).
Cours de français mise à niveau au secondaire (école : apprentissage par modules).
Cours d’été pour finir ses modules en français et maths parce que n’arrive pas dans le temps prévu.
Aide en français et mathématique par des pairs.
Note : cours d’anglais enrichi, mais la mère nous indique que les évaluations étaient surtout orientées vers les oraux (évaluations beaucoup moins strictes et orientées lecture/écriture qu’en français)
Au CEGEP, tutorat par les pairs en français & échec en français et philo.
Sa mère est bilingue (il parle 50% du temps en français avec sa mère, 50% en anglais la semaine) et son père, qu’il ne voyait que les w-ends est anglophone.
Il est allé à la garderie en français et a toujours été scolarisé en français. Il a des amis franco et anglo, mais aime mieux écouter les films et lire en anglais. À cet égard, notons toutefois que la lecture ne figure pas parmi ses loisirs favoris et qu’il mentionne avoir les mêmes difficultés de compréhension de lecture en anglais (mais cela n’est pas très apparents aux bulletins où il obtient de bonnes notes).
Comme il a bénéficié de nombreuses expositions au français, j’ai réalisé l’évaluation dans cette langue.
La majorité des points que j’ai évalués se situent dans la norme (e.g. QI, attention et mémoire verbale) outre la vitesse/précision de lecture (lit généralement lentement, mais si tente de lire plus rapidement commet plusieurs erreurs), la compréhension de lecture (témoigne d’un retard d’environ 4 ans), des fragilités en MdT, une fragilité sur le plan de la grammaire et plusieurs erreurs d’orthographe lexical à l’ECLA 16+ (mais pas à l’Odedys outre vagon pour wagon) et des capacités de calcul écrit et de raisonnement maths (très faibles).
Selon l’ensemble du dossier, le profil m’apparaît compatible avec un trouble d’apprentissage de la lecture (affectant la vitesse, la précision et la compréhension) et un trouble d’apprentissage des mathématiques (affectant le raisonnement et le calcul).
Mes questions/réflexions sont les suivantes:
1- Le jeune indique qu’il aurait toujours eu droit à la calculatrice au primaire et que cela était vrai aussi pour tous les autres enfants?! Etes-vous au courant de telles pratiques? Moi je dois avouer que ça m’a grandement étonné! Et si c’est le cas, aussi bien commencer tranquillement à penser à re-normer voire repenser plusieurs des tests que nous utilisons chez les adultes et aînés (e.g. MoCA, MMSE, etc ) !!!
2- Habituellement, les enfants qui présentent une dyslexie/dysorthographie ont davantage de difficultés en anglais (+ opaque), mais je sais aussi, que les évaluations dans les cours d’anglais, même en enrichi, sont beaucoup moins rigoureuses et exigeantes sur le plan de la lecture et de l’écriture (on favorise + l’oral). Avez-vous déjà rencontré des ado/adultes à qui vous aviez diagnostiqué de tels troubles d’apprentissage, mais qui présentait parallèlement de bons résultats aux bulletins en anglais?
Merci