Accueil – Visiteurs Forums Discussions en lien avec la profession Loi 28 (PL21) Ergothérapie, Pecpa-2r et aptitude

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  • Ergothérapie, Pecpa-2r et aptitude

    Posted by Claudine Boulet on 16 octobre 2014 à 17 h 38 min

    J’ai entre les mains le rapport d’une ergothérapeute qui, en mars dernier, a procédé à une évaluation en ergothérapie. Son évaluation s’est limitée à une entrevue, passation du Pecpa-2r, lecture du dossier et discussion de cas avec d’autres intervenants. Même si elle ne pose aucun diagnostic, son “analyse” me perturbe car elle fait des inférences qui m’apparaissent abusives quant à l’impact fonctionnel des difficultés observées au Pecpa-2r. En fait, j’aurais justement aimé qu’elle l’ait évaluée au plan fonctionnel pour voir comment elle s’en sort dans les faits plutôt que de se fier à ce qui est rapporté dans son dossier. 

     

    Mais, ce qui me dérange le plus est qu’elle conclue: “Je ne la considère pas apte à prendre des décisions par rapport à ses biens ni par rapport à sa personne…” Et, le psychiatre impliqué au dossier a écrit dans sa note subséquente qu’il appuyait les conclusions et recommandations de l’ergothérapeute.

     

    Ça me dérange parce que je viens d’évaluer cette dame. Elle a clairement un trouble psychiatrique soit un niveau d’anxiété ultra élevé avec idées paranoïdes et fausses interprétations de la réalité. Mais, à mon évaluation, elle ne présente que des difficultés cognitives légères. Si on regarde juste les résultats obtenus à mes tests, il n’y a absolument rien qui permettrait de justifier un jugement d’inaptitude. Je crois donc que le jugement d’aptitude ou non doit être pris en équipe multidisciplinaire en raison de la sévérité de la problématique de santé mentale.

     

    Je suis donc frustrée que l’ergothérapeute n’ait pas fait son travail d’ergothérapeute qui aurait été très aidant dans ce dossier. Et, je me questionne sur la ligne de conduite que nous devrions adopter dans de telles situations. Rapporter la situation à l’OPQ, à l’ordre des ergothérapeutes???

     

    Et, en passant, c’est une ergothérapeute qui travaille dans une clinique externe alors que je travaille au CLSC. Donc, je ne la connais pas du tout et je trouve plutôt délicat de l’appeler directement pour lui dire 1- permets-moi de me présenter et 2- je crois que tu fais mal ton travail!

    Claudine Boulet répondu Il y a 8 années, 10 mois 5 Membres · 8 Réponses
  • 8 Réponses
  • Julie Brosseau

    Membre
    16 octobre 2014 à 18 h 18 min

    Je te recommande d’envoyer le tout à l’OPQ. C’est ce que je fais quand je vois quelque chose de problématique. Je crois que l’OPQ pense que tout va bien alors que dans les faits … Plus nous serons nombreux à leur faire parvenir des rapports qui nous apparaissent douteux, plus on a de chance que les choses changent.

     

    En passant, une évaluation cognitive avec des inférences fonctionnelles, plutôt que de «vrais» évaluations fonctionnelles sont assez fréquentes chez nous.

  • Amélie Beausoleil

    Membre
    16 octobre 2014 à 20 h 20 min

    Je vois mal ce que l’OPQ pourrait faire dans un cas comme cela car l’ergothérapeute a émis une recommandation en se basant sur son jugement clinique et qu’elle n’empiète pas sur une activité qui nous est réservée, l’évaluation finale quant à l’aptitude relevant du MD et du TS. (Je suis plus déçue du MD qui se prononce déjà sans avoir eu d’autres avis! ) Peut-être que c’est plutôt l’OEQ qui devrait être avisé de ce genre de conclusion (inaptitude) sur la base d’une si faible évaluation.

     

    Et dans cette situation,  la meilleure “arme” sera ton rapport qui, bien étoffé, irait à l’encontre des résultats obtenus par l’ergo, ou du moins, nuancerait le propos de façon bcp plus professionnelle. Et tu pourrais même jusqu’à recommander une évaluation FONCTIONNELLE de la patiente “pour mieux apprécier la manière dont se traduit dans le quotidien les difficultés observées en neuropsychologie” … :P

    Julie Brosseau

    Membre
    17 octobre 2014 à 11 h 15 min

    Le travail de l’ergo doit être basé sur une évaluation fonctionnelle ce qui ne semble pas être le cas ici d’où l’impportance de signaler le tout à l’OPQ (et à l’OEQ ?), mais il faut signaler.

  • Simon Charbonneau

    Membre
    20 octobre 2014 à 14 h 30 min

    Selon ma compréhension et si je me fie au document suivant rédigé par l’Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ): http://www.oeq.org/userfiles/File/Publications/Doc_professionnels/Article_OEQ_Depistage_Tr_Cognitifs.pdf et qui porte sur le MMSE, cette ergothérapeute a effectivement mal fait son travail…

     

    Bien qu’il soit question dans le document du MMSE et non du PECPa-2r, c’est le même principe qui prévaut selon moi puisque ce sont deux tests de dépistage cognitif. Donc si on s’attarde à ce passage (p.2):

     

    “L’OEQ s’attend également à ce que l’ergothérapeute cadre cette interprétation avec la finalité de son champ d’exercice, soit les habiletés fonctionnelles, et ce, que le Folstein constitue la seule intervention effectuée ou que son utilisation s’insère dans une évaluation plus étoffée. L’ergothérapeute devra toutefois s’assurer d’émettre une opinion professionnelle qui reflète l’étendue de l’évaluation réalisée, notamment en considérant les limites qu’impose une simple utilisation du Folstein. Par exemple, pour un client dont le score démontrerait une atteinte possible des fonctions cognitives, il serait opportun que l’ergothérapeute recommande une évaluation des habiletés fonctionnelles pour déterminer si ces difficultés se répercutent sur les dites habiletés.”.

     

    Ainsi, l’OEQ semble d’avis qu’un simple test de dépistage ne constitue pas une évaluation assez “étoffée” et que si le score à un test de dépistage suggère “une atteinte possible des fonctions cognitives”, l’ergo devrait recommander (ou faire elle-même!) une éval fonctionnelle pour évaluer directement l’impact fonctionnel de cette possible atteinte cognitive, au lieu de faire des prédictions sur un sujet aussi sensible et fondamental pour cette patiente. Sinon, elle n’a pas “pris en considération les limites qu’impose une simple utilisation” de ce test de dépistage.

     

    C’est important pcq ça implique indirectement que selon l’OEQ, on ne peut pas s’en sauver sans évaluation fonctionnelle dans un tel cas…

     

    Z’êtes d’accord ? Si c’est le cas, elle aurait pu se prononcer sur l’aptitude, mais seulement après avoir vérifié si ce qu’elle prévoit comme inaptitude selon la contre-performance au PECPA-2r s’avère bien problématique au quotidien. La validité écologique d’une évaluation neuropsychologique étant déjà questionnable, même si elle est à la fois exhaustive et effectuée par un(e) neuropsychologue chevronné, imaginez quand ce type de prédiction est effectuée par un(e) ergothérapeute à partir d’un petit test de dépistage……… Oh boy……

     

    Pierre Desjardins pourrait être consulté dans un tel cas: pdesjardins@ordrepsy.qc.ca

  • Caroline Larocque

    Membre
    21 octobre 2014 à 12 h 34 min

    Je suis d’accord également que la situation devrait être rapportée. Les ordres ont pour mandat de protéger le public et je crois que les usagers qui font l’objet de ce genre d’évaluation pourraient être abusés dans leur droit.

  • Julie Brosseau

    Membre
    21 octobre 2014 à 17 h 30 min

    Je ne veux pas vous décourager, mais au CH Le Gardeur, un test cognitif est vu par les ergos comme étant une épreuve fonctionnelle !!! C’est rendu à ce point. Tout est interprété comme étant du fonctionnel !

  • Anonyme

    Invité
    23 octobre 2014 à 14 h 38 min

    Bonjour,

     

    J’ai à peu près la même opinion que Simon C., c’est-à-dire qu’un(e) ergo qui fait clairement du dépistage cognitif ne peut pas se prononcer sur les habiletés fonctionnelles. Les ententes entre l’OPQ et l’OEQ sont assez claires sur le sujet. D’ailleurs, le fameux document de l’OEQ peut être utile dans certaines situations, mais peut aussi être mal interprété par les ergos dans d’autres situations:

    “L’OEQ s’attend également à ce que l’ergothérapeute cadre cette interprétation avec la finalité de son champ d’exercice, soit les habiletés fonctionnelles

     

    Dans ce passage, un ergo pourrait se dire “je peux utiliser n’importe quel test de dépistage, du moment que je conclus sur le plan fonctionnel!”

    “L’ergothérapeute devra toutefois s’assurer d’émettre une opinion professionnelle qui reflète l’étendue de l’évaluation réalisée, notamment en considérant les limites qu’impose une simple utilisation du Folstein

    Ici, selon ce que vous rapportez, je pense qu’on vient de perdre quelques ergos, qui vont justement au-delà des limites psychométriques et de validité du Folstein ou du PECPA.

    J’ajouterais une autre déduction à celle de Simon: indirectement quand on lit entre les lignes, les ergos ne pourraient jamais s’en sauver avec un test de dépistage uniquement. Si un(e) ergo se limite à utiliser un test de dépistage, mais que la conclusion doit nécessairement porter sur le plan fonctionnel, alors un(e) ergo ne pourra jamais se limiter à utiliser un test de dépistage parce qu’elle ne pourra pas conclure! SAUF dans un mandat clair de dépistage, au même titre d’une t.s., infirmière, psychoed., etc.

     

    Dans la situation où on se limite aux épreuves de dépistage,les conclusions d’un ergo devraient être pratiquement les mêmes que ce que formulerait un professionnel autre de la santé (t.s., infirmière, etc.).

     

    Je crois que c’est une bonne idée de contacter P. Desjardins, mais je pense qu’il ne faut pas oublier de contacter directement l’OEQ quand on se rend compte qu’un professionnel est aller au-delà de son mandat, non?

    Comme il y a toujours de nombreuses situations qui se bousculent concernant le PL21, je pense que ça serait bien qu’on mette en place à l’AQNP une façon de faire pour aider nos membres dans leurs démarches et pour s’assurer que le même message (même vocabulaire, mêmes arguments, etc.) soit toujous envoyé aux personnes concernées des différents ordres professionnels. L’image de professionnels bien ancrés dans leurs compétences et leurs connaisances ne peut pas faire de tort!

  • Claudine Boulet

    Membre
    27 novembre 2014 à 17 h 04 min

    Pour vous informer: j’ai contacté l’OPQ en ce qui a trait à deux dossiers distincts où une ergothérapeute a seulement procédé à une appréciation des fonctions cognitives (le dossier dont je parlais au départ et un autre). L’OPQ m’a référée à l’Ordre des ergothérapeutes du Québec. La personne a qui j’ai parlé à l’OEQ m’a confirmé que les deux cas dont je lui parlais étaient “hors normes”. Évidemment, à l’OEQ, ils privilégient le plus possible une approche constructive afin de s’adapter à la nouvelle réalité de la loi 21 (ou pl21 ou loi 28, je ne sais plus trop!). Nous sommes donc encouragés à discuter avec nos collègues de travail afin d’harmoniser nos pratiques. Cela étant dit, il a tout de même été convenu de transmettre au comité d’inspection professionnelle de l’OEQ les deux cas que j’ai transmis. Le tout étant confidentiel, je n’en aurai pas d’autres nouvelles…