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Étiquetté : alzheimer, frontal, héminéglience
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Divers – Alzheimer et frontaux
Posted by Jacinthe Lacombe on 28 novembre 2016 à 20 h 06 minEst-ce que ça vous arrive de constater des signes “d’héminégligence” visuelle dans des profils Alzheimer (signes légers qui se manifestent principalement dans la tâche de recherche visuelle)? J’en ai eu quelques-uns récemment, et je trouve que ça pourrait faire du sens d’un point de vue théorique si on pense à une atteinte légèrement asymétriques des lobes pariétaux. Toutefois, à mon souvenir, je n’ai jamais vraiment vu de littérature à ce sujet… peut-être auriez-vous des suggestions de lecture?
Aussi, j’ai eu quelques patients frontaux qui décrivent la scène du biscuit exactement au même endroit que les détails de la scène. Je m’explique : ils vont écrire, en plein milieu de la feuille, “la mère lave la vaisselle” et écriront, vers la gauche : “le petit garçon prend des biscuits et va tomber du banc” et, en-dessous, “sa soeur veut un biscuit”. Comment expliquez-vous cela? Concrétude de la pensée?
Vincent Moreau répondu Il y a 6 années, 9 mois 8 Membres · 19 Réponses -
19 Réponses
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Personnellement, j’ai rarement vu des signes d’héminégligence chez mes patients Alzheimer.
Est-ce que tes patients avaient une bonne vision ?
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Moi non plus je ne vois pas d’héminégligence chez les patients Alzheimer..
Je n’utilise pas la scène de biscuit, mais je crois que oui, ça pourrait démontrer une concrétude de la pensée
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Pas vu de signes d’héminégligence chez mes Alzheimer non plus…
Pour ce qui est de la scène du biscuit, c’est la première fois que j’entends ça! Fascinant!
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Idem, je n’ai jamais observé d’héminégligence chez mes patients MA mais il faut dire que je ne recherche pas ce signe-là non plus (p. ex. je ne fais pas toujours le test des cloches ou autre du genre, me contentant de la discrimination visuelle, du BNT et du Trail A pour évaluer les gnosies). Je vais peut-être ressortir davantage mon test des cloches pour voir…
Pour la scène du biscuit, première fois aussi que j’entends cela et je suis tout aussi fascinée que Valérie!
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Merci pour vos inputs!
Il semble que ça se peut l’héminégligence dans la DTA @/index.php?/profile/511-jacinthelacombe/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/511-jacinthelacombe/&do=hovercard” data-mentionid=”511″ rel=””>@jacinthe.lacombe, mais ça semble très très rare (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9804125 ; https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9781564 ; et quelques cas rapportés dans ce livre).
Jamais eu non plus de cas avec héminégligence claire chez un(e) patient(e) DTA à mon souvenir alors que je fais le repérage des “A” à 98% de mes patients, donc j’ai quelques questions:
- Tableau cognitif classique par ailleurs ?
- Examen visuel récent ?
- Examen neuroradiologique récent ? (pour éliminer AVC ou tumeur en pariétal D par exemple)
- Autres possibilités de causes sous-jacentes du pattern observé ? (donc pas une “réelle” héminégligence, ni un problème visuel si éliminé, mais plutôt une mauvaise planif. sans vérif par exemple)
- Autres signes pariétaux droits ? (ex. trouble visuoconstructif, dyscalculie spatiale, etc)
- Éléments pouvant faire penser à un syndrome corticobasal ?
- Éléments pouvant faire penser à une DTA postérieure (forme bipariétale ou bipariéto-occipitale) ?
(en passant, fascinant en effet ce que tu as observé à la scène du vol de biscuit, ça me donne le goût de recommencer à la faire!)
La scène du biscuit, ça m’est arrivé trois fois chez des patients frontaux. Les causes avancées étaient toutefois différentes (une DFT suspectée, des atteintes vasculaires et des troubles frontaux suite à une consommation d’alcool importante). Je demeure assez vague sur les consignes, genre ” Décrivez ce que vous voyez sur cette image”.
@ : pour les questions, je vais revoir les dossiers. Je te reviens avec ça… C’est juste que j’ai eu cette interrogation à quelques reprises récemment…
Je dévie du sujet initial mais je me questionne si notre pratique n’est pas teintée par le type de clientèle qu’on voit habituellement. Je m’explique: au début de ma pratique, j’administrais de façon quasi-systématique soit le repérage des A ou les cloches. Toutefois, comme la majorité de ma clientèle sont des personnes qui ont clairement un TNC majeur, j’en suis venue à délaisser ce type de tests car je trouvais qu’il n’apportait rien de significatif à ma conclusion. Donc, je “ressors” ces tests seulement quand j’ai quelqu’un d’atypique (jeune, atteinte postérieure, etc.). Sauf que ça fait que ce n’est plus un automatisme chez moi d’administrer un test de repérage. Ce qui fait qu’en vous lisant, je me remets en question.
Alors, je ne doute pas que chez une clientèle plus jeune, en neurologie genre, un test de repérage est fort pertinent. Mais, j’aimerais avoir votre avis sur la question suivante: est-ce que vous trouvez que d’administrer un test de repérage (A ou cloches ou autres) est vraiment utile chez vos patients chez qui on suspecte un TNC majeur?
J’ai justement un patient, plutôt jeune disons, mais chez qui le médecin de famille suspectait une maladie d’Alzheimer étant donné les plaintes rapportées. Je viens de commencer mon évaluation et suprise, monsieur présente une héminégligence gauche avec un IRM récent pourtant jugé normal. Déjà aux cloches, qui mon test pour briser la glace après l’orientation temporelle, il avait omis 12 cloches à gauche. Je l’utilise surtout pour voir l’organisation, la rapidité et je trouve que c’est important à faire chez la clientèle qui conduit encore. De plus, je trouve que c’est un test simple, difficile à échouer, ce qui en fait un bon test pour débuter.
Oui moi aussi je débute souvent par ça comme 1er ou 2e test pcq je trouve ça moins intimidant qu’un gros test de mémoire d’emblée par exemple, et je m’en sers à la fois pour voir la vitesse d’exécution, l’attention visuelle sélective, l’organisation… et on voit aussi souvent des signes d’impulsivité ou même d’obsessionnalité.
Et bon évidemment dans les rares cas où il y a de l’héminégligence, je vais le détecter avec ça. Donc c’est pas LE plus pertinent, et je ne le mettrais pas dans mon top 7-8 tests les plus pertinents pour les TNC majeurs, mais comme il est bref, peu confrontant et multidéterminé, j’aime le faire passer tout de même et l’inclure dans ma batterie de base d’une douzaine de tests dans de tels cas.
Super intéressant comme discussion !
Moi non plus, je n’ai pas de notion d’une présence accrue d’héminégligence dans l’Azheimer. Dans de tels cas, j’aurais tendance à envisager une composante mixte.
Très intéressant les anecdotes sur la disposition des réponses à la scène du biscuit, je n’en ai jamais été témoin.
Par ailleurs, je suis une grande fan du test de cancellation de Boston, tout particulièrement la planche des A non structurés. Pas tant pour l’héminégligence cependant. C’est surtout pcq la consigne est simple à comprendre, l’exécution est rapide, et la méthode en dit long, surtout que celle-ci évolue parfois au cours de la tâche (les impulsifs qui démarrent aléatoirement puis se structurent graduellement, les peu motivés qui démarrent systématiquement puis dévient de plus en plus à mesure qu’ils se démobilisent …) et c’est intéressant de voir s’il y a un souci de révision après coup.
Vous êtes convaincants!
Je fais aussi toujours une tâche de recherche visuelle, peu importe le motif de consultation (auprès d’une clientèle âgée). Les raisons sont les mêmes que vous, collègues (stratégie organisationnelle, vitesse d’exécution, tâche peu confrontante…).
Concernant la recherche des A (mésulam), je crois qu’elle a été normée pour administrer d’abord la version structurée puis la version aléatoire. Toutefois, je trouve beaucoup plus informatif de faire l’inverse, soit aléatoire en premier, puis structuré…
Dans quel ordre en faites-vous l’administration? Est-ce que vous faites toujours les 2 versions?
Je fais uniquement la version déstructurée pour le Mesulam. Je choisis de ne pas faire les deux versions puisque lorsque je veux creuser davantage l’attention sélective visuelle, j’administre le Ruff 2 et 7, qui est plus structuré.
Infos lues dans le Lezak :
“Unilateral visuospatial inattention is very common among Alzheimer patients, showing up in most as left-sided inattention, but some others display the less common right-sided problem“.
On s’entend que ce n’est pas un profil impressionnant d’héminégligence comme on peut le voir dans les textbooks, mais je crois qu’il faut garder en tête que ça existe!
Salut,
en fait il n’y a pas de “very” dans la citation, Lezak écrit plutôt dans la version du bouquin que j’ai: “Unilateral visuospatial inattention is common among Alzheimer patients (…)”.
Ceci dit je suis surpris tout de même du “common“!
Bon, les articles cités n’ont pas été remis à jour dans cette dernière édition puisqu’ils datent de 1991 et 1997, mais moi aussi j’en trouve effectivement plusieurs articles qui confirment que ça existe (voir p.ex. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10223256 ; https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11725214 = lien entre atteinte hémichamps G et atteinte pariétale D et vice-versa)…. mais est-ce bien “common” ? Et puis quand on utilise des tests comme la description de la scène de cuisine et la copie de la figure complexe de Rey pour évaluer ça, est-ce bien les bonnes tâches pour ce faire ? Les deux côtés sont-ils équivalents ? Le repérage visuel à la Mesulam et la bissection de lignes, ça me paraît nettement mieux. Ceci dit, il semble qu’il y en a plus que je pensais…
Dans l’article de Freedman ’91 qui est cité par Lezak, les patients déments c’est n=14 dont 12 DTA classiques, un Pick et un PCA.
Dans Mendez ’97 c’est n=15 DTA…
Donc sa phrase et son “common” sont basés sur 2 vieilles études (époque où notamment les critères étaient différents) qui rapportent des résultats totaux de 27 DTA classiques. Bof.
Mais comme je disais, il y en a d’autres maintenant qui objectivent ça… que devons-nous en penser?…
Mais déjà, à la base, les questions est-ce commun dans la DTA vs est-ce commun dans la forme classique de la DTA sont très différentes.
(et on peut présumer que c’est moins commun en début de maladie évidemment)
Le 2/3 des PCA, qui sont très majoritairement des DTA atypiques, présenteraient des signes d’héminégligence à au moins un test: http://bmcneurol.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2377-10-68
C’est énorme le 2/3, mais les cas de PCA sont rares…
Considérant le tout et le fait que l’on ne voit pas ça souvent comme clinicien même quand on y est attentif (dans ton cas je suspecte la loi des séries!), j’ai l’impression qu’il faut effectivement garder en tête que ça existe (notamment si on pense aux conséquences sur la conduite auto!) parfois (pas jamais, pas très très rare comme je pensais initialement, mais à mon avis pas souvent non plus) dans la DTA classique et que la nature de l’atteinte n’est pas identique à celle d’une personne ayant p.ex. un AVC pariétal (en termes de sévérité et de latéralisation). Par contre, s’il y a d’autres signes qui pointent vers un cas de PCA, faut éliminer cette hypothèse! En plus de tous les facteurs confondants que j’avais listé plus haut sous forme de questions.
En tout cas, ça me renforce dans ma conviction qu’il faut tester ça dans la population neurodégénérative
@ : “very common” dans la quatrième édition, mais seulement les deux mêmes études que tu mentionnes en référence…
Par ailleurs, je réitère que ce ne soit pas une héminégligence pure et sévère, en ce sens que ça ressemble plutôt à une diminution attentionnelle de l’hémichamp visuel controlatéral (plus souvent l’hémichamp gauche). Je crois (ma simple hypothèse) que ça peut davantage traduire une légère asymétrie des atteintes pariétales évaluées à un moment X.
Ceci dit, je suis d’accord avec le fait que ce n’est pas impossible, mais pas si commun non plus…
Eh ben, ils sont comiques d’ajouter un “very” juste de même, sans référence supplémentaire.
Et t’as raison @/index.php?/profile/511-jacinthelacombe/” data-ipshover-target=”https://aqnp.ca/forum/index.php?/profile/511-jacinthelacombe/&do=hovercard” data-mentionid=”511″ rel=””>@jacinthe.lacombe pour l’asymétrie, c’est exactement ce qu’ont démontré Meguro et al. (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11725214) dans l’article que je mentionnais au début de mon message précédent:
“Fourteen patients with AD showed a decreased number of elements pointed out in the left portion of the picture, whereas 12 patients had decreased attention in the right portion. (…). The patients with decreased left spatial attention had lower CBF in the right parietal lobe, and vice versa. “
En fait, ils n’ont pas ajouter le “very”; la dernière édition est la 5e, et on écrit bien “common” tout court.