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  • Déclaration à la SAAQ ou non

    Posted by Jérémie Gosselin on 8 janvier 2019 à 14 h 54 min

    Bonjour,

     

    Je me questionne actuellement sur la pertinence de faire une déclaration à la SAAQ pour un patient en réadaptation qui a subi un TCCL complexe (avec légère complication hémorragique bi-frontales).

     

    Dans les tests et les observations on note :

     

    – Les capacités d’attention sélective sont globalement dans la moyenne sans erreur. Mais on note quelques fluctuations attentionnelles d’une tâche à l’autre et une fatigabilité cognitive en fin de rencontres

    – La vitesse psychomotrice est dans la moyenne.

    – Le jugement au NAB est dans la haute moyenne

    – La flexiblité mentale est dans la moyenne avec une seule erreur d’alternance

    – Les capacités d’inhibition au stroop sont nettement déficitaire avec la présence d’un ralentissement et plusieurs erreurs non-corrigés.

    – Sur le plan comportemental on note quelques signes frontaux depuis son accident : quelques comportements de désinhibition sexuelle, quelques signes d’impulsivité, rigidité, émotivité accrue et légère diminution de l’autocritique (i.e. ne suit pas toujours les recommandations lors des congés thérapeutiques, reconnait peu ses signes de fatigue).

     

    D’emblée je serais porter à faire une déclaration, principalement en raison des signes frontaux observés et des résultats au niveau de l’inhibition. Par contre, monsieur présente des améliorations depuis quelques jours particulièrement sur le plan comportemental. Les comportements problématiques persistant sont très légers. Et considérant qu’il est seulement à 1 mois de l’accident, je m’attendrais à ce que les améliorations se poursuivent. Par contre, il présentait encore d’importantes difficultés d’inhibition aux tests la semaine dernière (performance encore déficitaire). Son séjour en réadaptation se terminera possiblement cette semaine.

     

    P.S. Son expérience de conduite est dans la norme selon moi. De courts transports pour le travail pendant de nombreuses années, et quelques visites à l’extérieur de sa région. Il est aujourd’hui retraité et ses déplacements sont semblables.

     

    Qu’est-ce que vous en pensez ?

    Julie Brosseau répondu Il y a 4 années, 7 mois 5 Membres · 15 Réponses
  • 15 Réponses
  • Caroline Larocque

    Membre
    8 janvier 2019 à 16 h 00 min

    Effectivement, on est en droit de se questionner et ça semble être une zone grise. Je crois qu’il serait pertinent d’obtenir son âge car ça influence mon jugement. Par exemple, je crois que des difficultés attentionnelles et un ralentissement psychomoteur à 88 ans n’ont pas le même impact qu’à 58 ans. Ainsi, même des difficultés légères à modérées pourraient avoir un impact sur la conduite automobile à 88 ans alors que ce ne serait pas nécessairement le cas à 58 ans.

     

    Si tu demeures incertain des risques, tu pourrais toujours le formuler ainsi dans ta déclaration afin que la SAAQ analyse elle-même ta demande et prenne une décision. Sinon, j’imagine qu’il y a un médecin impliqué dans le dossier? Tu pourrais émettre une recommandation sur la conduite automobile qui soulignerait les difficultés qui pourraient affecter la conduite automobile en laissant le médecin prendre la décision de compléter ou non la M-28? Car de toute façon, lorsqu’un neuropsychologue complète une déclaration, la SAAQ envoie un formulaire M-28 au patient à compléter par le médecin, alors un médecin devra au final se prononcer.

  • Claudine Boulet

    Membre
    8 janvier 2019 à 17 h 10 min

    Je pense que dans un monde idéal, je recommanderais à monsieur de ne pas conduire jusqu’à une réévaluation en neuropsychologie dans 3-4 mois (en m’assurant que cette recommandation peut être respectée via son entourage…), étant donné qu’il a quand même un potentiel de récupération vu qu’on est juste à un mois post-accident. Mais sinon, je suis d’accord avec Caroline…

  • Julie Brosseau

    Membre
    9 janvier 2019 à 12 h 46 min

    Tout à fait d’accord avec Claudine. Si le patient refuse de collaborer par contre, j’acheminerais peut être un avis à la SAAQ (pas certaine que les problèmes cognitifs soient suffisamment importants mais dans le doute, vaut mieux être prudent).

  • Jérémie Gosselin

    Membre
    14 janvier 2019 à 20 h 31 min

    Super, merci beaucoup pour vos réponses.

  • Claudine Boulet

    Membre
    23 janvier 2019 à 15 h 36 min

    À mon tour de me questionner sur la pertinence de faire une déclaration à la SAAQ ou non… Si vous évaluez un patient qui a passé et réussi un test sur la route dans les derniers deux mois, est-ce que vous faites tout de même une déclaration à la SAAQ ou vous demandez au médecin de famille d’assurer un suivi étant donné qu’il a réussi un test sur la route telle date mais que vous restez avec des doutes quant à sa capacité à conduire sécuritairement?

  • Caroline Larocque

    Membre
    23 janvier 2019 à 15 h 53 min

    Est-ce qu’il a réussi son test à la SAAQ ou en privé? Si c’est à la SAAQ et qu’il n’y a pas de raison de croire qu’il s’est vraiment détérioré au cours des deux derniers mois, je prendrais l’option d’assurer un suivi par le médecin. Par contre, si c’est au privé, je pourrais favoriser la déclaration, la raison étant que nous avons eu l’expérience dans ma région d’un ergo au privé qui avait tendance à faire passer les patients malgré des atteintes importantes en neuropsy, patients qui échouaient d’ailleurs à la SAAQ par la suite.

  • Claudine Boulet

    Membre
    23 janvier 2019 à 18 h 21 min

    Bonne question Caroline! Je crois que c’est avec la SAAQ mais je vais m’informer…

  • Jérémie Gosselin

    Membre
    23 janvier 2019 à 19 h 12 min

    D’accord, j’assurerais un suivi aussi avec son médecin pour lui faire part de mes observations si il n’y a pas de raison de croire qu’il y a eu détérioration depuis les dernier mois.

     

    Par contre, concernant l’évaluation à la SAAQ versus en privée avec ergo, j’avais cru comprendre après avoir discuté avec des ergos que les évaluations en privée était plus sensible et complet que ceux de la SAAQ ? Ça ne semble pas être la même réalité partout peut-être.

  • Caroline Larocque

    Membre
    23 janvier 2019 à 19 h 15 min

    Je crois que le problème était plus l’évaluateur que l’évaluation comme telle…

  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    27 janvier 2019 à 16 h 18 min

    Ce qui est rapporté par Caroline m’étonne car nous avons souvent eu l’expérience inverse, soit des examens échoués avec des ergos et réussis avec les moniteurs de la SAAQ. Effectivement, le problème relève peut-être davantage de l’évaluateur…

     

    Pour répondre à la question de Claudine, si nous avons de nouveaux éléments (nouveau diagnostic, par exemple, ou évaluation neuropsychologique qui démontre des déficits dans plusieurs domaines qui sont généralement corrélés avec un échec au test de conduite sur route), je serais tentée de refaire une déclaration en mentionnant les nouveaux éléments, ou du moins d’en aviser l’équipe afin qu’un suivi soit fait. De plus, je suggérerais, par exemple, qu’étant donné la complexité du tableau, qu’une évaluation sur route avec ergothérapeute soit considérée. Je me dis que de cette façon, je suis “protégée” : si la SAAQ décide de ne pas suivre mes recommandations et qu’il arrive quelque chose, j’aurai pris toutes les mesures nécessaires.

  • Claudine Boulet

    Membre
    28 janvier 2019 à 23 h 43 min

    Je suis d’accord avec toi, Jacinthe. Mais le seul problème que je vois est qu’on m’a déjà dit que pour passer un test routier avec un ergothérapeute, la personne doit nécessairement passer par le privé et cela coûterait environ 500$… En plus du stress de passer un test sur la route… Alors, je ne crois pas que c’est une décision anodine.

     

    Le médecin de famille de mon patient a transmis un avis à la SAAQ en même temps que de le référer à notre équipe de 2ème ligne. Les délais d’attente ont fait qu’il a passé son test sur la route juste avant Noël et que moi, je le vois maintenant. Il n’y a rien d’autre qui a changé dans sa vie entre les deux évaluations. Ses résultats en neuropsy sont catastrophiques et clairement inquiétants pour la conduite auto. Par contre, il a conduit des camions de toutes les grosseurs, toute sa vie pour sa job. À ce sujet, il n’est pas le premier que je vois où l’expérience compense pour les atteintes cognitives…

     

    Je reste donc avec un malaise autant avec l’idée de lui refaire vivre le stress qu’il a vécu avant Noël qu’avec l’idée de ne pas transmettre d’avis à la SAAQ et de garder une certaine responsabilité. Si on ajoute à cela le fait que de réussir ou non un test sur la route peut dépendre de l’évaluateur sur qui on tombe, ça ne m’aide pas beaucoup à trancher…

     

    Tout cela pour dire que je vais clairement impliquer l’ensemble de mon équipe pour que la décision soit prise en équipe!

  • Caroline Larocque

    Membre
    29 janvier 2019 à 13 h 43 min

    C’est certain qu’une très bonne expérience de conduite peut faire en sorte que l’on compense mieux nos déficits, nous le voyons également. Pour ce qui est des tests avec un ergo, il n’y a pas seulement le privé. Par exemple, nous en faisons à notre clinique et le montant à débourser est de 100$ pour le test sur route (incluant voiture et moniteur). Aussi, j’ai plusieurs patients qui ont des troubles cognitifs et pour lesquels aucun ergo n’a été impliqué dans l’évaluation. C’est toujours à la discrétion de la SAAQ, malgré les recommandations du médecin. Ainsi, il est possible que suite à une déclaration aussi rapide après un examen, la SAAQ décide de procéder elle-même à l’évaluation, ce qui n’entraînerait aucun frais pour le patient.

  • Julie Brosseau

    Membre
    31 janvier 2019 à 12 h 55 min

    Si ça peut aider un peu :

     

    4 erreurs ou plus au cloches = probabilité d’échec au test sur route

    3 erreurs ou plus au tracé B ou 90 secondes ou plus = probabilité d’échec au test sur route

     

    (selon ergothérapeutes)

  • Claudine Boulet

    Membre
    31 janvier 2019 à 14 h 39 min

    On m’a déjà parlé de la règle du “3” avec le tracé B. Ce serait une façon simpliste de l’interpréter pour les médecins de famille / infirmières qui font du repérage… Cette règle dit que si la personne prend plus de 3 minutes ou si 3 erreurs ou plus au tracé B, un test sur la route devrait être recommandé…

     

    Je garde toujours un malaise face à ces règles que je considère trop simplistes. Mais bon, si la conséquence, c’est de référer trop de gens pour un test sur la route, ce n’est pas si pire…

  • Julie Brosseau

    Membre
    1 février 2019 à 13 h 04 min

    Tout à fait d’accord avec toi. Il y a beaucoup plus que cela à considérer. Je ne crois qu’il faille trop référer par contre car il y a quand même des impacts psy. pour les patients. Il faut trouver le juste milieu. Pas nécessairement facile. Parfois, je me demande si je ne suis pas trop sévère … Il y a quand même pas mal de patients pour lesquels nous avons des inquiétudes mais qui n’ont par ailleurs jamais eu d’accidents/incidents. Référons-nous trop à la SAAQ ?