• Posted by Alexandre St-Hilaire on 4 juillet 2018 à 17 h 53 min

    Bonjour,

     

    J’ai un questionnement quant aux effets chroniques de la consommation de cannabis sur la consolidation en mémoire. Je ne trouve pas vraiment d’article qui distingue clairement les effets du cannabis sur les différents processus mnésiques. On parle souvent que ça nuit à l’encodage et à la récupération de nouvelles infos. Mais qu’en est-il de la consolidation?

     

     

    J’ai une dame de 53 ans qui fume chaque jour du cannabis depuis 30 ans (2-3 grammes par semaine). Au RLRI-16, elle fait des intrusions à chaque essai d’apprentissage ou ne peut trouver la réponse avec indice. Ses résultats sont RT1: 11/16, RT2: 9/16 et RT3: 14/16. Quant au rappel total différé, il est de 10/16. Par contre, de façon qualitative, elle trouve les réponses manquantes avec choix de réponse, donc il y a une légère consolidation.

     

     

    Au plan de la santé mentale, elle a fait une psychose pour la première fois il y a 5 mois (entendait les voix de proches décédés et croyait que son conjoint la trompait). Elle est sortie de l’hôpital un mois plus tard. Pas connue avant de la psychiatrie sauf pour une consultation trouble panique en 1993. Elle a une Maladie de Charcot-Marie-Tooth depuis l’an 2000 (polyneuropathie démyélinisante). Je ne vois pas de littérature indiquant que ça engendre des problèmes cognitifs. Le neurologue se questionne aussi sur une sclérose en plaques, car son IRM montre plus d’une cinquantaine de lésions punctiformes pour la plupart infracentimétriques, hyper T2, au niveau de la matière blanche des hémisphères cérébraux. Il va la revoir, son diagnostic n’est pas final.

     

     

    Le reste du tableau neuropsy: déficit important de l’attention sélective, déficit fonctions exécutives, déficit mémoire de travail endroit et envers, déficit tous les processus mémoire épisodique verbale (consolidation préservée à la figure de Rey). Vitesse de traitement est ok, langage/mémoire sémantique aussi. Pour les habiletés visuospatiales, quantitativement, c’est pas si mal. Mais ça lui prend quand même trois fois avant de réussir le losange et carré côte-à-côte à la DRS-2. Elle a bien répondu aux antipsychotiques donc démence à corps de Lewy moins probable. Elle se trouve plus irritable, mèche courte. Manque d’énergie, plus apathique. Mais pas d’autres chose qui pourrait laisser croire à une DFT.

     

     

    La psychiatre veut savoir si le tableau cognitif pourrait s’expliquer seulement par la condition psychiatrique et la consommation de cannabis. Ai-je raison de croire que la cause des difficultés cognitives n’est pas que psychiatrique/induit par une substance ?

     

     

    Merci pour votre aide!

    Alexandre St-Hilaire répondu Il y a 5 années, 2 mois 3 Membres · 4 Réponses
  • 4 Réponses
  • Jacinthe Lacombe

    Membre
    4 juillet 2018 à 18 h 12 min

    Avec les résultats de son scan, j’aurais tendance à penser qu’il y a autre chose qui puisse expliquer le tableau… C’est étrange que sa vitesse de traitement soit OK par contre?!

  • Alexandre St-Hilaire

    Membre
    4 juillet 2018 à 18 h 53 min

    Merci. Sa vitesse de traitement varie selon les tâches entre la moyenne inférieure et la moyenne. Mais c’est vrai qu’on pourrait s’attendre à un plus grand ralentissement chez une bonne consommatrice.

  • Simon Charbonneau

    Membre
    4 juillet 2018 à 20 h 49 min

    En fait cette maladie de CMT a plusieurs formes dont certaines pourraient entraîner une atteinte démyélinisante du SNC aussi, et des troubles neuropsychologiques: http://www.myobase.org/index.php?lvl=notice_display&id=55956#.Wz0oxss36Uk

    qui réfère à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23243264?dopt=Citation

     

    Voir aussi: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27863451

     

    Donc p-e qu’il faut être uniciste ici et se dire que les lésions sont p-e causées par le CMT ? (d’ailleurs je nsp si c’est démontré comme favorisant la psychose, mais il y a des études de cas où c’est comorbide…).

     

    Prenant aussi en compte des études comme celle-ci https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21749524, j’aurais tendance à penser que l’effet délétère sur la cognition de cannabis < psychose récente < 50 lésions de la matière blanche, peu importe leur cause

     

    Je pense donc que tu as raison que c’est pas juste psy+conso, il y a la matière blanche qui pourrait peser lourd dans la balance même si chaque lésion est petite et même si parfois les gens ont de la leucoencéphalopathie sans réel impact clinique

     

    Enfin, je ne suis pas certain qu’on ait besoin d’évoquer d’autres facteurs que ces trois-là pour que ce tableau essentiellement sous-cortico-frontal s’explique (la conso me semble ok en fait selon ce que tu décris).

  • Alexandre St-Hilaire

    Membre
    5 juillet 2018 à 13 h 40 min

    Merci énormément; la réponse est très complète et m’aide à y voir plus clair!